Antônio Araújo — ou Tó comme il est familièrement appelé au Brésil — est, sans doute, un des plus importants metteurs en scène brésiliens de sa génération. De ses créations in site-specific, modalité artistique dont il est un véritable maître, personne ne peut sortir indifférent.
De son inquiétude « de voir l’homme contemporain perdu et éloigné de sa dimension sacrée » naîtra en 1992 son Teatro da Vertigem (Théâtre du Vertige), dans un pays où le théâtre se divise en deux mouvements principaux : d’un côté le théâtre commercial développé dans une démarche plutôt à l’américaine et de l’autre le théâtre de groupe basé sur la recherche et l’expérimentation.
Le Teatro da Vertigem, qui se veut hors de l’institution, un théâtre bâtard selon son directeur, est devenu le groupe le plus primé de la scène contemporaine brésilienne de ces deux dernières décennies : « le théâtre bâtard est, par la propre nature impure du théâtre, aussi légitime que n’importe quel autre. Son hybridité, plus qu’un signal de faiblesse ou de décaractérisation, semble remodeler, étendre et potentialiser ce qui existe de plus génialement théâtral. Le théâtre au niveau collectif, fruit de multiples paternités et polysémique, fissure les autorités individuelles et occupe l’espace public, entre le traditionnel et l’expérimental. »
Bourse de Bruxelles, 2014