C’est au cours de la tournée du Théâtre du Soleil à Tokyo qu’Ariane Mnouchkine a rencontré Nomura Mansai, directeur artistique d’un des théâtres les plus réputés du Japon, le Setagaya Public Theatre. Le Théâtre du Soleil a ainsi invité la Cie Mansaku, qui donnera quatre représentations du Kyôgen of Errors au Théâtre de l’Aquarium, spectacles programmés dans le cadre du Festival de l’Imaginaire et rendus possibles par la participation de l’Agency for Culturals Affairs du gouvernement japonais.
C’est dans ce cadre que nous avons invité les artistes et maîtres japonais à venir diriger ce stage à ARTA, en partenariat avec l’Atelier de Paris-Carolyn Carlson. Dans la limite des places disponibles, ce stage est ainsi ouvert aux comédiens et danseurs : il est conseillé de présenter sans tarder sa candidature.
Le Nô et le Kyôgen, constituent ensemble l’Art nommé Nohgaku, formé il y a environ 650 ans, entre 1333 et 1573. Ils dérivent des chants et des danses d’influence chinoise connus sous le nom de Sarugaku. Alors que le Nô hérite de la part la plus tragique du Sarugaku, le Kyôgen en vient à employer un jeu plus physique utilisant pantomime et dialogue comique. Par la clarté de ses dialogues et la lisibilité de sa gestuelle, le Kyôgen est une forme théâtrale qui célèbre la nature humaine en dépeignant de façon réaliste les scènes de la vie quotidienne et populaire de manière grotesque, allant parfois jusqu’à lui donner les traits d’une « admirable absurdité ». L’acteur-kyôgen est l’homme aux paroles déplacées. Lorsqu’il est présent au cours d’une scène de nô, il est l’intermédiaire du waki, et représente les gens du peuple. Il rapporte les légendes qui courent à travers les campagnes, et les déforme par son imagination… En tant que bouffonnerie, le Kyôgen se rapproche de la commedia dell’arte. Les pièces sont souvent satiriques : les seigneurs, les moines, les esprits et les démons y sont ridiculisés. Mais le Kyôgen est aussi un art de contraste : même les situations les plus triviales sont stylisées. Les personnages grotesques gardent la plus grande dignité dans les scènes de lutte ou d’ivrognerie, qui sont toujours chorégraphiées. Les accessoires utilisés sont d’une simplicité extrême : l’éventail a différentes fonctions symboliques, il peut figurer un arc ou une scie. Un couvercle est utilisé pour boire le saké ou figurer un coffre rond de voyage. La sobriété est ici étudiée afin de porter toute l’attention du spectateur sur l’interprétation du comédien.
Durant la première semaine, Hiroharu Fukata enseignera les bases et les conventions du Kyôgen traditionnel.
Durant la seconde partie du stage, Nomura Mansai abordera les scènes du jeu traditionnel pour explorer les possibilités de créer une pièce en utilisant les techniques propres au jeu du répertoire japonais. Le travail portera ainsi sur une scène du Kyôgen of Errors, un Kyôgen contemporain basé sur la Comédie des Erreurs de Shakespeare, en appliquant de manière libre et créative les concepts et techniques du Kyôgen.
En tant qu’héritiers d’un art traditionnel, nous ressentons la responsabilité de transmettre ces techniques aux générations dans une forme meilleure que celle que nous avons reçue, et dans le même mouvement, de rendre quelque chose à la société. Une part de notre mission réside dans la re-création et reconstruction des formes d’arts sophistiqués détenues et transmises par les générations passées et de les partager pour ainsi y apporter nos améliorations et contributions. M. Nomura