Jean-Jacques Lemêtre

Jean-Jacques Lemêtre

Figure emblématique du Théâtre du Soleil, dont il a signé toutes les créations musicales depuis plus de trente ans, Jean-Jacques Lemêtre est musicien, compositeur, luthier, créateur et collecteur de 2800 instruments de toutes époques qu’il a dénichés dans tous les recoins du monde, et dont il joue après les avoir souvent «bricolés» à sa façon. Il a également œuvré pour le cirque, le cabaret, le cinéma, la télévision, la danse.

Après avoir été le premier à diriger en France les œuvres de Moondog, Jean-Jacques Lemêtre crée le 5 novembre 2012 à Montréal une œuvre hors-normes intitulée Babel. Depuis le milieu des années 1990, l’artiste n’a cessé d’enregistrer des voix humaines parlées, parmi plus de 1800 langues et dialectes, collectées lors de conversations qu’il a initiées avec la complicité de traducteurs partout sur la planète, auprès d’hommes, femmes et enfants. A partir de ses assemblages sonores, il a composé son opéra, remplaçant par des voix parlées les instruments de l’orchestre. Babel est aussi une expérience visuelle, (avec la collaboration de la marionnettiste et artiste visuelle Marcelle Hudon), et… culinaire, puisque la réalisation de ce grand poème symphonique a été accompagné de dégustations pour qu’odeurs et saveurs soient également mises en éveil.

Avec Jean-Jacques Lemêtre, la composition musicale trouve toute sa place dans l’élaboration dramaturgique d’un spectacle. Il rappelle qu’aux origines du théâtre, il y a la musique. Pour lui, dans l’apprentissage des arts, le théâtre, la danse et la musique ne doivent plus être séparés. C’est une véritable symbiose entre musicien, metteur en scène et performeurs en scène (acteur ou danseur) qu’il faut parvenir à créer.

Dans cette relation complice, en direct, on ne devrait pouvoir déceler qui mène, qui est mené : dépassant l’illustration ou le soutien, le musicien (ou le compositeur) de théâtre évite les «tempi obligés», ne se cale pas dans un carcan avec les barres de mesures, mais suit, impulse, participe à l’action en cherchant la musique des corps. Celle-ci doit rester toujours en mouvement puisque chaque jour ou soir est différent pour le comédien (ou le danseur). Et comme leur corps est un clavier musical, il lui faut être son «tapis volant», c’est-à-dire sa fondamentale, sa matrice, à l’affût du «son minimal» que le corps en scène produit quand il commence à jouer.