Wu Hsingkuo est entré à l’Académie nationale des Arts dramatiques Fu Hsing à l’âge de 11 ans. Il y étudia durant huit années et obtint des premiers rôles dans la troupe de l’école dès l’âge de 16 ans. Une fois diplômé de cette académie, il s’inscrivit à l’université de la Culture chinoise, à Taipei. Il fut par la suite embauché par Lin Hwai-Min, le fondateur de Cloud Gate. Les voyages qu’il effectua avec la troupe à l’étranger, et les films, les spectacles qu’il y vit contribuèrent à former sa vision. En 1984, il commença à travailler sur l’ébauche d’un nouveau style d’opéra, qu’il situa dans un lointain passé afin de mêler des éléments culturels divers sans s’embarrasser des conventions. C’était le seul moyen, se disait-il, de ramener vers l’opéra un public plus jeune. Il prit une pièce du répertoire théâtral classique occidental, Macbeth de Shakespeare, comme point de départ et, avec quelques amis travailla à son adaptation. Après trois ans, ils présentèrent enfin Le Royaume du Désir qui fut joué dans 26 villes à travers le monde : au Royal National Theatre de Londres, au Palais des Papes d’Avignon, dans plusieurs villes du Japon, à l’Odin Theatret d’Holstebro au Danemark, ou encore au festival Spoleto de Charleston, aux Etats-Unis.
Si ce spectacle, conçu dans l’intention de rompre avec les traditions, lui avait valu la reconnaissance internationale, Wu Hsingkuo eut cependant la conviction que l’opéra chinois, avec son style si unique alliant le chant, la déclamation, la performance et l’acrobatie avait quelque chose d’important à donner, à partager avec le reste du monde. C’est ainsi qu’il a commencé à emprunter une «voie à double sens» entre tradition et avant-garde, Chine et Occident, affirmant que «la destruction et l’abandon permettent l’innovation, et que l’innovation permet la transmission. Pour faire passer à la génération suivante l’esprit de l’opéra de Pékin, il faut constamment réinventer», dit-il encore aujourd’hui.
Conforté par ce succès, Wu Hsingkuo a continué dans la même veine avec War and Eternity (adapté de Hamlet) en 1990, Le Roi Lear en 2000 et La Tempête en 2004. Sans se limiter à Shakespeare, il s’est aussi inspiré de la tragédie grecque avec Médée d’Euripide en 1993 et L’Orestie d’Eschyle en 1995. Il a également adapté des pièces classiques de l’opéra de Pékin (Les derniers jours de l’empereur Li Yu et La concubine cachée). Il a créé deux hip opéras, dont The play of Brother and Sister, en 2002.