Le Nangiar Kuttu est un art spectaculaire très ancien entre danse et théâtre présenté, uniquement par les femmes, en tant que rituel dans quelques grands temples du Kérala. Les Nangiar sont les femmes de la communauté Nambiar. Elles présentent le Nangiar Kuttu dans la tradition héréditaire. Dans le Kuttiyattam, forme unique de théâtre sanscrit, les rôles féminins sont tenus par les Nangiars. Le thème des pièces de Nangiar Kutttu est tiré de l’histoire du dieu Krishna. Cette histoire est présentée en solo pendant 12 jours consécutifs.
Le Nangiar Kuttu est toujours joué comme offrande rituelle à Trichur, au Temple de Vatakkumnatha et au temple de Krishna à Ambalapuzha. Normalement le Nangiar Kuttu est joué le jour. Mais, le jour de l’anniversaire Krishna, le Nangiar Kuttu est joué à minuit au moment de la naissance, et c’est l’histoire de la naissance de Krishna (Avatara) qui doit être jouée. Cette coutume n’est plus respectée aujourd’hui.
Le Nangiar Kuttu a connu une période d’extinction et connaît depuis quelques années une renaissance :
Il y a aujourd’hui au Kérala, deux styles distincts de danse Lasya, féminine, tendre et gracieuse : L’un est le Nangiar Kuttu, qui est toujours joué dans l’enceinte des quatres murs du temple, et le Mohini Attam qui a acquis plus de popularité aujourd’hui. Ces deux styles de danse lasya ont dû lentement se développer de la tradition des Devadasis (danseuses de temple) du Kérala.
Le Mohini Attam est une danse classique dans laquelle existe une harmonieuse combinaison de danse pure « nritta » et de danse expressive « nritya ». Son thème principal est la relation entre le Héros et l’Héroïne. Le répertoire de Mohini Attam contient des danses telles que chorlkettu, jatisvaram, varnam, padam, tillana, sloka.
Le Nangiar Kuttu est un alliage de jeu et de danse sous la forme d’épisodes, le spectacle dure plusieurs jours. Bien que les deux formes comportent beaucoup de différences en ce qui concerne les thèmes et le style de représentation, il y a des ressemblances entre elles en ce qui concerne l’abhinaya, et certains aspects du corps. Certaines positions et mouvements des doigts, mains, des démarches, les mudras (qui viennent du traité Hastalakshanakipika).
Le Nangiar Kuttu est joué strictement selon le manuel de l’acteur Attaprakara correspondant à la pièce, et traduit tout le texte par l’abhinaya et les gestes des mains. Cela révèle l’importance donnée aux mudras. En Mohini Attam, il y a un chanteur qui accompagne, les lignes sont répétées plusieurs fois. Le Mohini Attam dépend moins des mudras que le Nangiar Kuttu.
La méthode d’enseignement pour les débutants en Mohini Attam est différente que pour le Nangiar Kuttu. En Mohini Attam, le nouvel élève apprend d’abord les « adavus » ou pas. Puis lentement apprend comment les combiner pour plus tard travailler le sens l’abhinaya. Dans le Nangiar Kuttu, la première leçon consiste à bouger les yeux, les sourcils, et les petits mouvements du corps. L’élève apprend aussi à réciter les « slokas » , les vers, à haute voix. En Mohini Attam, l’abhinaya et la danse ont parts égales, en Nangiar Kuttu c’est l’abhinaya qui a le plus d’importance.Les concepts fondamentaux dans le Mohini Attam et le Nangiar Kuttu sont différents. Le s thèmes principaux du Mohini Attam sont les pensées et les sentiments des Devadasis qui sont elles-mêmes des épouses du dieu. Les textes littéraires parlent de leurs déceptions, et des remontrances adressées à leur divin époux. Bien sûr la danseuse n’a pas à apprendre le Stahi Bhava d’un autre caractère. Donc ce sont des sentiments naturels qu’elle doit jouer. Dans le Nangiar Kuttu, style épique qui relate les batailles et la vie tumultueuse de Krishna, l’actrice doit posséder une grande palette d’expressions pour raconter l’histoire du dieu Krishna. Extraits de MOHINI ATTAM, NANGIAR KUTTU. G. Venu, Nirmala Panikar.