Journées d’études «Récits et mises en jeu des histoires vécues»

Les mardis 30 janvier et mercredi 31 janvier 2018, Amphi X, Université Paris 8

Organisées par le professeur Jean-François Dusigne (responsable de l’axe ethnoscénologie de l’Equipe d’Accueil «Scènes du monde, création, savoirs critiques», école doctorale EDESTA, Université Paris 8) et Duccio Bellugi Vannuccini (acteur du Théâtre du Soleil, metteur en scène et réalisateur).

En portant attention aux processus créatifs, ces journées visent à échanger autour des démarches respectives pour questionner notamment les conditions, modalités et capacités de la création artistique à témoigner, construire ou reconstruire l’(es) Histoire(s) collective(s) à partir de récits, inventés ou non, nourris de la référence aux vécus personnels. Sont à interroger la place et le rôle des publics, les interactions et impacts, ainsi que la légitimité des artistes (en lien aux multiples possibilités d’implications de non-professionnels) à inciter à témoigner, raconter, jouer, imaginer, donner forme ; à se faire «passeurs» de tragédies humaines, dans l’intention par exemple de déplacer regards et points de vue, pour «ébranler le sens du monde», voire pour changer les conditions dans lesquelles nous vivons. (Ces journées sont conçues en préfiguration de la semaine internationale du 17 au 23 septembre 2018, au Théâtre du Soleil, qui accueillera notamment :

  • le Teatro-comunita de Turin, avec le spectacle Il Tempio delle Nostre Fragilità, mis en scène de Maria Grazia Agricola et Duccio Bellugi Vannuccini, produit par l’Associazione Culturale Choròs ;
  • la compagnie théâtrale Fan Al Hayat de Samir Reyad-Mamdoh.

Hazim Elias Khadeeda Hekresh, réfugié yezidi irakien, rescapé du génocide perpétré par daech le 3 août 2014. Photo prise à Leros en Août 2016 dans un palais-hôpital psychiatrique abandonné à côté du camp de réfugiés. Hazim Elias a décidé de retourner seul en Irak en Octobre 2016 afin de finir ses études d’anesthésie et de se battre pour son peuple. Il fait parti de la création Leros – un Exil Insulaire chez les Damnés, mais jusqu’à aujourd’hui il n’a pu obtenir de visa pour rejoindre l’équipe lors des répétitions.

Programme

Le mardi 30 janvier

de 10h à 13h : communications (de 20’), suivies d’échanges (20’).

10h : accueil et introduction

10h20 : Bernard Müller, Docteur en anthropologie sociale (EHESS, 2000), anthropologue des pratiques spectaculaires, commissaire d’exposition et dramaturge : la fable ethnographique

11h : Chloé Déchery, auteure, artiste de performance et Maître de conférence en arts du spectacle à l’Université de Paris 8 (Thèse de Doctorat sur les Corporéités quotidiennes. Nouvelles pratiques du corps en scène dans la performance en France et en Angleterre, 1991-2011). Prochain ouvrage: «A Duet Without You», Performing Collaboration in Solo Performance and Practice-as-Research, monographie en langue anglaise, Intellect Books, Bristol, 2018. www.chloedechery.com «Performer le je ou la déconstruction du projet autobiographique sur la scène contemporaine»

11h40 : Laurent Gaudé, dramaturge et romancier, Prix Goncourt 2002 des Lycéens et prix des Libraires avec La mort du roi Tsongor. Lauréat du Prix Goncourt 2004 pour Le soleil des Scorta. Il aussi auteur de nouvelles, de scénarios et de livrets. Yolande Moreau et Laurent Gaudé ont signé ensemble Nulle part en France, un documentaire à deux voix sur les camps de réfugiés de Calais et de Grande Synthe, pour Arte Reportage. Il a également publié en 2017 chez Actes Sud De sang et de lumière, poèmes nourris, pour la plupart, des voyages de Laurent Gaudé, qui donnent la parole aux opprimés réduits au silence ou ravivent le souvenir des peuples engloutis de l’histoire, hier esclaves assujettis au commerce triangulaire des pays riches, aujourd’hui migrants économiques et réfugiés en quête d’une introuvable terre d’accueil. «Laurent Gaudé témoigne de son travail d’écrivain et de dramaturge, en dialogue avec Jean-François Dusigne»

12h20 : Samir Reyad-Mamdoh, doctorant. (Thèse en cours, Les potentialités du travail théâtral comme facteur de reconstruction individuelle et collective, dans un cadre post-traumatique) : «Laboratoire du vécu : un processus thérapeutique qui passe par la création.»

(Le groupe de Samir Reyad-Mamdoh est constitué de 15 personnes, réfugiés ou résidants en France, issus d’Iran, d’Irak, d’Afghanistan, du Pakistan, du Soudan, d’Algérie, d’Espagne, du Portugal, de Suisse, d’Italie, et de France. Il collabore à distance avec deux auteurs dramatiques irakiens, l’un, Talal Hassan, habitant toujours à Mossul et l’autre, Nahide Al Ramadanie, étant réfugié en Turquie.)»

de 14h à 17h : atelier exploratoire, avec participants et observateurs, mené conjointement par Maria Grazia Agricola, Marianna Barbaro, Céline Schlotter, Roberto Michele Giraudo (du Teatro-comunita de Turin), et Duccio Bellugi Vannuccini (du Théâtre du Soleil).
Ensemble, ils inviteront à découvrir pratiquement leurs démarches par la transmission de leurs méthodes créatives.
La recherche et l’action du Teatro-comunità s’orientent autour des potentialités transformatives du théâtre au sein d’une communauté et sur un territoire. Il s’intéresse au lien entre l’expérience esthétique, artistique et créative, et l’autonomisation (empowerment ) des individus. Il met en évidence la relation entre le processus participatif et relationnel des individus sur un territoire et la dimension émotionnelle expérimentée par le groupe.

– premier temps de l’atelier exploratoire : recueils des récits

De 17h à 18h : retours sur l’atelier exploratoire, table-ronde.

Le mercredi 31 janvier

de 10h à 13h : communications (de 20 min.), suivies d’échanges (20 min.).

10h : introduction de la journée

10h20 : Hanna Lasserre, metteur en scène, doctorante à l’université Paris 8 , chargée de cours à l’université Paris 8 et à l’université de Nice / Sophia Antipolis :

l’usage des documents et/ou du témoignage au théâtre Frank Castorf remercié par le sénat de Berlin: La mise en jeu des rapport entre pouvoirs politiques et artistes dans La Cabale des Dévots. La Vie de Monsieur Molière d’après Mikhail Boulghakov.

11h : Miléna Kartowski-Aïach (doctorante en anthropologie à l’université d’Aix-Marseille / Idemec ; diplômée en philosophie de la Sorbonne Paris 4, en Socio-Anthropologie des religions de l’université de Bordeaux – Michel de Montaigne, ainsi que de l’école des arts politiques de l’institut de Sciences Politiques de Paris) : «Leros – un Exil Insulaire chez les Damnés ou l’impossible témoignage théâtral»

11h40 : Raymond El Hosny, (Artiste, docteur en études théâtrales, auteur en 2016 de la thèse La création théâtrale contemporaine au Liban entre mémoire archivée et document fictif) : «Représenter permet-il d’apprivoiser une blessure réelle?»

12h20 : Muriel Roland, artiste de théâtre, doctorante (Axe Esthétique de l’ED 1573- Scènes du monde, création, savoirs critiques- Edesta- Paris 8), est co-fondatrice avec Marcos Malavia, de la Cie SourouS (une trentaine de création depuis 1990), du Festival Auteurs en Acte, de l’Escuela nacional de teatro de Bolivie, du Théâtre du Vécu (avec des patients). Elle conduit depuis 25 ans des projets de création de proximité : «Vécus entrelacés : la fabrique du Nous et de l’Ici» Après 10 ans et quatre créations théâtrales avec le groupe Saxifrages, composé d’apprenantes et ex-apprenantes en alphabétisation, de leurs formatrices et d’habitantes d’un quartier de Bagneux (92), dans le sud de la banlieue parisienne, Muriel Roland témoignera de la puissance du théâtre à tisser les vécus dans la co-présence sensible des corps, générant la création d’un tiers inclu intranquille, intense, néanmoins protecteur, se révélant un puissant outil de résilience et de (re) fabrication du commun.

de 14h à 17h : atelier exploratoire, avec participants et observateurs, mené conjointement par Maria Grazia Agricola, Marianna Barbaro, Céline Schlotter, Roberto Michele Giraudo (du Teatro-comunita de Turin), et Duccio Bellugi Vannuccini (du Théâtre du Soleil).

– second temps de l’atelier exploratoire : appropriations performatives et transformations scéniques

De 17h à 18h : retours sur l’atelier exploratoire et les communications des deux journées, table-ronde.