Dieudonné Niangouna : La scène comme poétique de l’indicible

Du 20 au 29 avril 2016

Stage dirigé par Dieudonné Niangouna

Dieudonné Niangouna

Je veux travailler sur un plateau vide. Au départ on ne doit même pas reconnaître l’acteur. Il doit sortir du plancher et comme une poussée d’écume, puis mousser, et puis encore mousser, petit à petit, sans chavirer. Dieudonné Niangouna

Objectif pédagogique

A partir de différents matériaux, dont ses propres écrits, Dieudonné Niangouna invite à générer une création de plateau, personnelle et collective, qui passe par d’intenses climats émotionnels, pour puiser dans ceux-ci les indispensables éléments nécessaires à une réelle exploration artistique ancrée sur l’expérience. Il s’agira d’ouvrir ainsi des pistes concrètes inspirantes pour aborder écritures poétiques et scéniques nourries d’oralité et d’organicité : faire en sorte que sur ou sous le texte, entre les personnes, il se passe quelque chose pour que « ça arrive, faire l’expérience de ça », et « que chacun se l’approprie ». Ce faisant, engagement créatif et responsabilité éthique seront questionnés. Plutôt que de chercher à interpréter, à devenir un personnage, l’acteur se doit d’être une figure de désir, une « puissance de vie qui entre, nous échappe, disparaît et meurt, parce qu’elle arrête de respirer ».

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Dieudonné Niangouna incite à « casser la baraque », pour reprendre l’expression même de Sony Labou Tansi : il faut agir sur la peur et la porosité en poussant le corps, éperdu de solitude, dans un champ de bataille. « Moi, qui te vois avoir la jambe coupée, moi qui te vois heureuse de fêter ton anniversaire, et qui ressens cela », je dois faire avec ça, et avancer, acteur, dans la jungle « à coups de machettes ». Mais il ajoute également « pour remplir la tasse de café, il faut d’abord la vider. » C’est ainsi qu’il lui faut passer par ce rapport à la terre, à l’horizontale, cette « barre au sol », avant de trouver les déséquilibres propres à la verticalité. Avec joie et humour débordant, chacun étant libre de choisir, de faire ou de ne pas faire, pour éviter l’ « anti-jeu », les propositions radicales viseront à oser se frotter au réel, à mettre en abyme l’acte théâtral et/ou artistique, tout en se positionnant quant aux cadres, aux frontières, aux limites, nécessaires à l’art ou convenues, règles à dépasser, ou à ne pas dépasser, à établir ou à abolir, tant sur le plan physique que psychique. N’est-ce pas aux frontières, en s’aventurant au bord des limites, que l’ébranlement artistique peut se produire ? Tout commence par des mouvements qui interrogent le rapport du corps à l’espace. Ces mouvements sont appelés à devenir des situations qui ne révèlent que leurs esprits : Le fonde l’abstraction scénique.

  • Comment incarner une situation qui reste énigmatique?
  • Comment travailler à désincarner le réel?
  • Du truculent au poétique et vice versa.
  • Comment faire naître le mouvement du silence ?
  • Est-il nécessaire de se laisser perdre?
  • Quelle est la part de l’incompris et le pouvoir de la futilité au théâtre?
  • Quelle est votre limite dans l’action?

Un chant d’oiseau, un soupir du vent, ne sont possibles
que sur une scène où il n’y a pas d’arbres… Jacques Copeau

Deux modules pour ce faire :

I – « La barre au sol » ou Station Horizontale.
II – L’acteur comme forme éruptive du plateau.

Information complémentaires

Le parcours sera filmé et enregistré tout les jours.
Puis un visionnage des séquences filmées se fera tous les matins.
Chaque soir, un texte sera écrit par chaque acteur à partir de la mémoire de ce qu’il aura éprouvé pendant la journée. De sorte que dès la fin de la première semaine, un texte commun sera produit, résultant des parcours spécifiques individuels et collectifs.

La seconde étape fera appel à une direction d’acteur plus stricte et développera pour l’acteur les mécanismes de l’auto-direction, ce qui fait accoucher « l’acteur-metteur en scène ». Les textes suivants seront travaillés :

  • Pendant la matière de Valère Novarina,
  • l’Acteur Invisible de Yoshi Oïda,
  • Acteur de l’Écriture de Dieudonné Niangouna. Dieudonné Niangouna transmettra les préceptes non écrits du Kinguinzila ou théâtre de la guérison(Tradition Kongo).
    Visionnage du film « À la poursuite du Renard Pâle » de Jean Rouch.