Né, le 18 juillet 1934 à Holloway, dans le nord de Londres. Lorsque la guerre éclate, il est évacué vers le comté de Cornouailles, puis de nouveau, après le Blitz, sur l’île de Ely, chez ses parents. Il effectue en 1953 deux années de service militaire et écrit sa première oeuvre importante. Sa collaboration avec le Royal Court Theatre à Londres débute à la fin des années cinquante. Invité à se rendre aux réunions d’écrivains du Royal Court, il prend part régulièrement à des lectures de pièces de théâtre. Sa première représentée est The Pope’s wedding (Les Noces du pape), en 1962. Depuis, il a écrit plus d’une trentaine de pièces, des scénarii pour le cinéma (notamment Blow up , réalisation M. Antonioni, 1967) ou la télévision, des livrets d’opéra, un scénario de ballets et de nombreux textes poétiques. Il développe en parallèle une vaste réflexion théorique sur l’art théâtral à travers de nombreux articles, notes, préfaces et correspondances. Son dernier ouvrage, The Hidden plot (la trame cachée), est une vaste et ambitieuse réflexion sur l’art dramatique, qui découvre l’origine du théâtre, sa nécessité pour l’être humain, jusque dans les premiers efforts conscients du nouveau né. Ses pièces les plus récentes sont écrites pour défendre la pratique du théâtre en milieu scolaire et sont destinés à être jouées dans les lycées et collèges devant des publics d’adolescents.
La survie du théâtre (qui ne serait pas seulement divertissement commercial ni marchandise de vendeurs d’effets dramatiques) dépend de la création d’une nouvelle façon d’être acteur, qui pénètre la situation et rende compte de ce qu’elle est avec rigueur, précision et netteté - parce que chaque fois elle est nouvelle, qui rende compte de ce que veut dire un être humain.
C’est au coeur de toutes mes pièces : mettre en jeu les complexités de l’être humain et de la situation en sorte que, les révélant, nous puissions les recréer- et ainsi comprendre mieux ce que nous faisons. Cela s’expose dans les conflits qui agitent le corps des acteurs, leurs visages, leurs gestes et dans la relation qu’ils ont les uns avec les autres. L’humanité est sociale - et donc c’est toujours comme si l’acteur explorait un objet invisible - et les gestes, les mouvements, les positions prises dans un groupe, tout ce qui est manifesté par les acteurs est relié à cet objet invisible. Plus l’acteur s’approche de cet objet invisible, plus sa présence (la représentation qu’il donne) devient radicale, innovante et imprévue (pour le spectateur). Il y a quelque chose de très élémentaire chez les êtres humains, c’est de communiquer - parce que nous ne parlons pas, ne faisons pas de gestes, n’agissons pas, ne manifestons pas d’expressions pour nous-mêmes, mais pour les autres.
Supposons qu’un fer soit brûlant - si on le touche, on se comporte d’une manière qui montre qu’il est brûlant. Au théâtre, la situation réelle, la situation centrale est invisible - parce qu’elle “signifie” la totalité de la situation et le besoin de sens qui émane du simple fait que l’acteur soit mis en sa présence.Edward Bond