Contraintes et Libertés, poésie d’un corps précis

Du 28 mai au 15 juin 2018

Dirigé par Catherine Schaub-Abkarian, Simon Abkarian et Pierre Ziadé

L’Envol des Cigognes, le K Samba, 2017

Objectifs pédagogiques

L’objectif pédagogique du stage est de travailler sur les contraintes et libertés qu’imposent par nature le théâtre – et plus particulièrement, celles de capter l’attention du spectateur et celles de présenter des textes classiques. Catherine Schaub et Simon Abkarian, souhaitent également interroger les participants sur l’utilisation des techniques issues des arts traditionnels sur la scène contemporaine.

Au cours de cette masterclass, les stagiaires s’exerceront à un travail de précision, de rythme, de dissociation, cisèleront leur regard et leur visage et perfectionneront leur technique physique par des exercices sur l’architecture et l’amplitude du corps et sur l’endurance.

Description

« La tragédie contient en elle cette vertu qui consiste à fédérer les arts.
Le chœur est la matrice du grand tout.
A nous d’y replonger et d’en sortir le perdu.
Un mouvement lorsqu’il est précis est infini, il ne s’arrête jamais, il se perd, se retrouve.
L’approximation est une boussole sans aiguilles.
Elle nous mène à la mort c’est à dire nulle part.
Elle nous dépose dans un monde d’ennui d’où le public ne revient pas.
La précision elle, est une pratique qui traque la poésie et le beau.
Ce qui n’est pas tenu ne peut s’échapper.
Prétendre à la liberté implique la construction d’une cage.
Les ailes ne sont pas un gage de liberté.
C’est le ciel qui fait défaut.
Le ciel se dessine dans la nécessité de voler.
La cage est l’endroit où se muscle l’imaginaire.
C’est là que se dessinent les cieux.
La cage est la forme physique et immatérielle, nécessaire à toute entreprise théâtrale.
La forme c’est poser la question de l’espace et l’espace pose celle du corps en jeu.
Poser la question du jeu, c’est poser la question du théâtre.
Et la question du théâtre nous mène irrémédiablement vers l’acteur annonciateur de l’humain. » Simon Abkarian

« Des années de pratique assidue de Kathakali m’ont enrichie d’une grammaire précise et redoutable qui consiste a maîtriser, le rythme, la dissociation, la précision des gestes et du regard, l’architecture du corps, le travail des yeux, des muscles du visages, l’endurance, l’amplitude du corps selon les personnages incarnés, le féminin, le masculin. Cependant une même question me travaille au corps, que faire de ce « trésor » ici en France ?
Comment déplacer un art traditionnel vers les textes fondateurs de la littérature occidentale ?
Comment transmettre cela sans opposer le traditionnel au contemporain ?
Comment, sans le dévoyer, en extraire l’essence et le partager avec des artistes de scène, en vue d’un théâtre vivant ?
Le jumelage est-il possible ?
Où se trouve la croisée des chemins entre l’archaïque et le moderne ?
Qui est l’archaïque et qui est le moderne ?
D’où qu’il soit un corps dansant n’est-il pas un corps dansant ?
D’où qu’il soit, un acteur n’est-il pas un acteur ? L’objet de ce stage, ce sont toutes ces questions réunies en un seul endroit qui ne sait pas mentir : le plateau. » Catherine Schaub

« Le corps possédé
Tout corps est poétique en soi. Il peut l’être l’espace d’un instant, le temps d’un geste, d’un mouvement fait au hasard. Mais quand il s’agit de pratiquer un art, il ne peut plus être question de hasard. Il faut pouvoir éduquer son corps, lui apprendre une autre langue, et faire de sa chair un espace poétique en soi. Il n’y a pas de secret, tout commence par le travail. Le théâtre n’échappe pas à cette règle. L’acteur se doit de travailler jusqu’à s’oublier, posséder une technique jusqu’à ce qu’elle le possède à son tour. Oui, c’est là que quelque chose de poétique peut véritablement advenir : quand ce n’est plus celui qui pratique la technique qui possède la technique, mais quand c’est la technique elle-même qui finit par posséder celui qui la pratique, le libérant alors des contingences de son corps ; de même que la langue maternelle finit par posséder celui qui la parle et lui permet de s’ouvrir à ce qu’il ne connaît pas, ou bien peut-être à ce qu’il connaît depuis toujours. » Pierre Ziadé

Une journée de travail

La journée commencera par un entrainement physique : rythmes, motifs chorégraphiques, techniques de jeu de l’acteur de Kathakali. A travers des jeux et des exercices les stagiaires exploreront la dissociation sans jamais perdre de vue le souffle et la voix, et essaieront de créer une grammaire commune dans le but d’un travail adapté à leurs besoins. Constituer un chœur, trouver son identité poétique afin d’en faire surgir la ou le protagoniste : le premier athlète. Ce travail s’articulera autour des extraits d’Electre d’Euripide, de Sophocle et autres…