Dominique Jambert et Vincent Mangado sont comédiens depuis plus de 20 ans au Théâtre du Soleil. Ils y tiennent certains rôles principaux, notamment dans Kanata, le dernier spectacle de Robert Lepage. Habitués des créations collectives du Soleil, ils transmettront, partageront ce travail atypique mené par la metteur en scène mondialement connue qu’est Ariane Mnouchkine, à travers leur regard et leur propre expérience d’acteurs.
Depuis plusieurs années, ils avaient envie de partager au sein d’ARTA ce travail inouï de recherche que la troupe du Théâtre du Soleil a effectué pour l’un de ses chefs-d’œuvre : Tambours sur la Digue. Voilà une occasion formidable d’aborder de manière spécifique ce travail de recherche, d’écoute et de proposition de l’acteur-créateur !
Ils proposent donc de travailler « en marionnette », comme ils l’avaient fait pour Tambours sur la Digue.
Durant ce stage deux grands textes des répertoires japonais et élisabéthain seront mis en correspondance : Double suicide à Sonezaki et Roméo et Juliette.
La pièce de Monzaemon Chikamatsu, initialement écrite pour le Bunraku (théâtre traditionnel de marionnettes japonais) est ensuite devenue un classique du théâtre d’acteurs Kabuki. Récemment, le réalisateur Masahiro Shinoda en a tiré un film fascinant, troublant, de grande beauté.
Ces deux oeuvres, aux thématiques voisines, Double suicide à Sonezaki et Roméo et Juliette, de Shakespeare, restent d’inépuisables sources d’inspiration pour la création contemporaine.
Chaque rôle est tenu par un couple d’acteurs, marionnette-marionnettiste.
L’enjeu est d’être ensemble, au sens premier. Il ne s’agit pas de manipuler ou d’être manipulé, mais de jouer ensemble.
Cela nous impose de sortir de tout « réalisme psychologique », d’être en musique, d’écouter…
Et les possibilités qu’offre la marionnette nous permettent d’accéder concrètement à « l’extra-ordinaire », de voler ou d’être en suspens, donc d’entrer dans la transposition poétique.
Cette forme, inspirée du Bunraku et du Kyôgen japonais (entre autres), permet aussi une approche du masque ; nous réaliserons des masques simples du même type que ceux que nous utilisions pour le spectacle, afin d’en découvrir les richesses et les contraintes.
Les théâtres d’Asie sont indissociables de la musique, ce que cette forme rend immédiatement perceptible. Nous travaillerons donc la musique qui accompagne les improvisations des autres stagiaires, ce qui amène à regarder ce qui ce passe sur scène de façon active, et à proposer par le son et le rythme. Cette forme vivante s’appuie sur du concret, physique, musical, pour aller ensuite vers l’improvisation et le sens du mouvement des textes.
Nous travaillerons dans une Asie rêvée à partir de nos lectures, visions de films, peintures. Dominique Jambert et Vincent Mangado