Durée du stage : 60h
Michael Corbidge et Christina Batman travaillent ensemble depuis 2014. Ils se sont rencontrés à ARTA, où Cicely Berry, Voice Director de la Royal Shakespeare Company était invitée à diriger une masterclass, en collaboration avec Nabih Amaraoui et assistée pour la traduction de Christina Batman. Suite à des problèmes de santé, Cicely Berry a été remplacée sous ses conseils par Michael Corbidge.
Michael Corbidge et Christina Batman entretiennent depuis cette rencontre un riche dialogue autour de Shakespeare et de sa relation viscérale avec la nature, profondément ancrée dans les images et les métaphores qui infusent l’ensemble de son œuvre. Ils ont également développé une réflexion commune autour de l’idée que la langue shakespearienne est fondamentalement alchimique. Si on écoute le chemin mené par le son et qu’on laisse ce dernier nous guider, les personnages s’éveilleront naturellement, ceux-là même qui existent avec une humanité universelle dans la matrice du personnage shakespearien !
Au cours de ce stage, ils chercheront à partager, croiser et fomenter leurs perspectives et leurs compétences respectives, dans le but de créer une expérience unique avec les acteurs.
Michael Corbidge invitera les acteurs à développer de manière ludique leur relation sensorielle à la nature durant l’exploration de l’œuvre shakespearienne, à travers l’introduction d’une grande oxygénation du monde naturel dans l’expérience individuelle de l’acteur au langage. Christina Batman invitera les acteurs à découvrir l’étendue insoupçonnée de leurs voix individuelles, dans le but d’explorer les possibilités de créer des paysages vocaux aux nuances infinies. Ensemble, Michael et Christina chercheront à provoquer chez les acteurs un sentiment d’excitation inédit, à travers l’étude de la relation entre expression vocale, narration et environnement. Les acteurs seront constamment confrontés à de nouveaux environnements spatiaux et sonores. Ainsi, ils prendront conscience de l’étendue de leurs capacités vocales, narratives et d’imagination. De cette manière, ils seront en mesure de répondre avec confiance et stabilité à toutes les conditions de représentation, et cela à tous les niveaux.
Quand Shakespeare écrivait en répandant son encre sur les pages, il réunissait les forces, les sons et les images de la nature et des éléments.
Le mouvement des nuages
Le chant et le vol des oiseaux
Le son de la rivière qui coule
Les vagues qui s’échouent sur la plage
Les rayons du soleil qui traversent les feuilles des arbres
Le toucher de l’arbre
La terre et le sol de pierre et de boue
L’aboiement des chiens
La sensation du vent et de la pluie sur la peau
L’odeur du romarin
Le goût et l’odeur du printemps
Sa conscience sensorielle était remarquable. Des siècles plus tôt, rien ne pouvait distraire Shakespeare de sa profonde relation à la nature. Il y avait une pureté dans son monde. Le monde d’aujourd’hui est différent, similaire mais dissemblable. Toutefois, nous avons l’héritage de son monde à explorer, qui est littéralement imprimé pour nous aujourd’hui ! Ces sons et ce langage font appel à tous les sens – la vue, l’ouïe, le goût, le toucher et l’odorat.
Être dehors et prononcer ces mots active et décuple les sens. Nos perceptions sensorielles, alors décuplées, mettent en lumière un chemin directement lié à l’expansivité de l’environnement.
Dans un studio de répétition, il est parfois éprouvant d’invoquer et d’imaginer les environnements merveilleux et puissants évoqués dans les pièces de Shakespeare. Alors à quoi bon imaginer la Forêt d’Arden quand on peut réellement marcher au cœur d’un bois ? Pourquoi imaginer la pluie quand on peut réellement sentir les gouttes sur son visage ?
La nature sera notre metteur en scène. L’univers entier dispose de tout ce dont un acteur a besoin pour stimuler son imagination et sa physicalité.
La voix sera travaillée afin de répondre à toutes les conditions climatiques et de résonner complétement au cœur des éléments. Elle ne fera plus qu’un avec la nature, en relation organique avec le décor.
Nous expérimenterons le travail avec le changement de direction du vent, la pluie, le soleil, le froid, la nature du ciel et la difficulté des différents terrains.
Cette approche est une dimension centrale du prochain workshop que Michael Corbidge et Christina Batman dirigeront à ARTA en janvier 2021. Cet entraînement mènera à présentation en Avril 2021, à l’occasion du Festival Shakespeare d’Avril.
Le processus entier vise à amener les acteurs à développer une conscience accrue de la relation entre environnement de la voix, environnement de l’imagination et véritable environnement.
Nous étudierons ce que nous appelons les « chaînes rythmiques » en abordant la composition – incluant le rythme, la continuité et la fluidité – du langage. Nous observerons comment les lignes narratives avancent de manière dynamique et organique. Chacun des exercices et des registres abordés seront liés les uns aux autres, à la fois amplifiés et juxtaposés. Une étude approfondie des pièces historiques choisies sera incluse dans les échanges quotidiens, dont les thèmes majeurs seront LE DROIT DIVIN DES ROIS, LA THÉORIE DE L’ÂME TRIPARTITE, LE POUVOIR, L’USURPATION DE POUVOIR, LA POLITIQUE, L’ÉTHIQUE, L’HYPOCRISIE, LE DEVOIR FILIAL, LA GÉNÉALOGIE, LE DILEMME PERSONNEL.
Il y a une différence entre une performance dans le cadre d’un stage-laboratoire et une véritable performance dramatique qui a été longuement répétée pour être présentée devant un public. Pour une performance théâtrale, la précision de la pièce et la transmission du texte par une « distribution cohérente » est plus importante que pour une classe ouverte de stage.
Cette présentation devant un public sera l’évolution naturelle du travail après les dix jours de stage en janvier, puis de travail à distance et en présentiel, jusqu’en avril, pour la représentation du travail avec ARTA à l’occasion du Festival Shakespeare d’avril, le 11 avril 2021.
Les acteurs apprendront à maîtriser le langage de ces pièces spécifiques – l’Henriade – afin que les personnages trouvent la sincérité dans leurs intentions et dans leur présentation. Ce langage soutenu peut être difficile à dominer et il peut détruire une interprétation pourtant volontaire. L’acteur doit entrainer sa voix et intégrer des habilités techniques pour maîtriser ce langage.
Chaque jour, le stage aura lieu dans un lieu/environnement/décor différent, chacun offrant une expérience unique. Les exercices seront distribués et étudiés sur le chemin qui mène à l’espace du jour. Le travail est constant et tout est connecté depuis le moment où l’on met le pied dehors.
Un des objectifs de ce workshop est de comparer et contraster. Nous présenterons parfois le travail à l’intérieur, puis de nouveau à l’extérieur afin de discuter des différences entre les deux.
Nous nous poserons les questions suivantes :
Qu’est-ce qui a changé ?
Qu’est-ce qui est différent ?
Quels sont les risques lorsqu’on travaille seulement en intérieur ?
Pouvons-nous amener l’extérieur à l’intérieur et comment cela affecte la qualité du travail ?
Pouvons-nous amener l’intérieur à l’extérieur ?
Après notre journée de travail en plein air, nous échangerons autour de nos découvertes, du travail en cours et des futures recherches à explorer.
Avec le consentement de chacun, ce travail sera archivé et documenté. Certains moments seront filmés, à la fois dedans et dehors. Les vidéos pourront être utilisées durant la présentation en Avril 2021.
A la fin du stage, les élèves devraient être en mesure de :
Chaque élève devra apprendre 4 monologues, 1 de chaque pièce. (En français, anglais ou dans plusieurs langues) Il est essentiel que le langage choisi soit parfaitement maîtrisé. Le travail du workshop sera dirigé en anglais et français par Michael Corbidge et Christina Batman.
Ils peuvent être tirés de chacune des pièces choisies : l’Henriade ou Les Joyeuses commères de Winsdor. Les textes choisis ne doivent pas être représentatifs de votre âge ou de votre « emploi ». Sortez des sentiers battus !
Il est extrêmement important que les étudiants connaissent leurs textes. Le travail est actif et rapide et nécessite une agilité et une dextérité physique qui ne peuvent pas être retardées par un texte non-appris. Cela semble sévère mais c’est réellement un pré-requis de ce stage. Nous pourrons alors plonger directement dans le monde de sons et d’histoires épiques des pièces.
En plus des textes shakespeariens, il sera demandé aux participants de raconter une version réduite et accélérée des histoires issues des pièces, en incarnant les narrateurs qui dirigent et impulsent l’action.
N’apprenez pas votre texte avec une intention émotionnelle ou trop de sens. Apprenez la forme des sons de chaque mot et essayez de mémoriser de manière académique. Ne chassez pas l’intelligence émotionnelle, attendez que la magie opère quand nous nous mettrons au travail !
Merci de vous assurer d’être équipé pour toutes les conditions météorologiques :
La majorité du stage aura lieu dehors, peu importe le temps ! Justement !
Shakespeare ne s’arrête pour personne, peu importe la saison.