Durée : 70 heures. 2 semaines, dont 2 jours de relâche
Pendant toute la durée de notre stage, nous établirons les liens étroits entre la respiration, la phonation et l’interprétation.
Savoir gérer son effort physique et vocal, acquérir de la légèreté et de l’envergure dans sa pratique artistique n’est possible qu’avec de bons appuis intérieurs : la respiration physiologique profonde est l’état qui les met en place. Dans ce mode respiratoire, le diaphragme et les muscles auxiliaires (muscles du dos et du ventre) sont le moteur principal. Ils donnent à l’expiration le rôle le plus important de l’acte respiratoire. La présence vocale et physique de l’artiste repose sur cette mécanique vitale. Pendant la respiration diaphragmatique profonde, c’est le corps tout entier qui respire, dénouant les contre-efforts ou crispations, l’essoufflement, le manque d’endurance, l’asphyxie à l’intérieur d’une phrase, la saturation du timbre dans la puissance, le manque de rythme, de vitalité, l’impossibilité de rupture, de relance…
La respiration physiologique est un levier fondamental de la qualité d’interprétation.
À travers la pratique des différents ateliers, ce stage permettra de donner l’artiste les bases d’un training quotidien ainsi que des repères précis qu’il pourra pratiquer en toute autonomie.
Mobilisation de tous les muscles qui participent à la mécanique de la respiration physiologique : à partir de différentes positions, nous exécutons des cycles respiratoires sur différents rythmes, différentes intensités, par la bouche, par le nez, dans un bruissement d’air ou avec le timbre de la voix. Le but est de développer la condition physique par la répétition, l’attention et la précision du travail du souffle. Les séries de mouvements mobilisent d’une façon homogène la respiration, le travail musculaire, la concentration, le calme, l’engagement sans inhibition. Tout le groupe travaille comme un orchestre : tous les participants sont reliés par cette respiration dynamique, bruitée et rythmée. Nous sommes attentifs à ce que le travail ne soit jamais en force : nous tenons compte des raideurs et fragilités de chaque personne en adaptant certaines positions d’équilibre et certains mouvements physiques. Nous observerons l’expiration chez chaque stagiaire, la phase la plus importante de la mécanique respiratoire sur laquelle tout repose et dont l’inspiration dépend.
Prise de conscience de la voix physiologique à partir d’exercices tels que le travail du rire sur des gammes descendantes, des psalmodies sur différents phonèmes, des projections syllabiques. Nous réalisons que le soutien intérieur et toutes les sensations de mobilisation sont identiques : respiration physiologique/voix physiologique. Le timbre s’éclaircit, s’enrichit sur toutes les combinaisons syllabiques des voyelles et des consonnes jusqu’à l’obtention d’une phonation parlée spontanée et naturelle. La phonation parlée et chantée doit être basée sur une recherche permanente de la spontanéité, la simplicité, l’intensité expressive de ces deux formes de la voix humaine. Toute intention d’un effet vocal perturbe l’équilibre musculaire et respiratoire, moteur de la ventilation respiratoire permanente qui, seule, assure l’authenticité du texte.
Renforcement du sens du rythme, par la maîtrise respiratoire. Nous apprendrons à ancrer un rythme en nous. Faire en sorte qu’il nous aide à être plus présent, plus dynamique, plus juste dans notre interprétation.
Les fondamentaux seront visités : la notion de tempo, l’usage d’un métronome et du compte, les divisions du temps (binaire, ternaire). Nous associerons les exercices d’expiration sur des pulsations et rythmes. Nous associerons la voix (parlée/chantée) à des jeux de mains/pieds pour aborder la question de l’indépendance du souffle et des gestes. Nous travaillerons l’ « oreille rythmique » : comment adapter son texte, sa phrase ou son chant à un cadre rythmique donné par ses partenaires, comment entendre qu’il faut accélérer, décélérer, comment jouer avec le temps. Nous éprouverons sans cesse l’influence du rythme sur notre corps, notre voix, notre souffle.
2 chansons issues du répertoire « classique » de la chanson française nous aideront à comprendre et concrétiser ce travail :
Cet atelier visera à donner à chaque stagiaire autonomie et précision dans l’établissement de son phrasé. Grâce à l’apprentissage de règles syntaxiques simples, l’acteur apprendra à déterminer le phrasé des textes qu’il a à interpréter, afin de pouvoir s’y engager vocalement avec précision et en toute conscience. En faisant le lien avec la pratique respiratoire et le travail de phonation, il peut rentrer dans l’interprétation à la fois par le sens et le rythme, au plus près de la pensée de l’auteur et de la pulsation du rôle. Ce travail favorise la fluidité de sa parole, la tenue de son engagement dans les silences entre les phrases et les segments de phrases, la libération du texte en levant les rétentions vocales. Il permet d’agir concrètement sur les problématiques d’adresse et d’écoute, et ouvre la voie à une interprétation créative, vivante et organique.
Avec évidence, l’acteur doit avoir une respiration tenue et souple afin de garder le rythme dans sa libération d’expression. Grâce à une conscience approfondie de sa respiration, l’artiste peut exprimer ce qu’il ressent avec envergure et vitalité. La culture de la respiration donne accès à la concentration, à la présence, à l’intensité, à l’équilibre, au développement de la sensibilité. Nous verrons combien la maîtrise de l’expiration, le vidage du débit de l’air pulmonaire est une clé essentielle pour la mobilisation et le calme intérieur de l’acteur.
En travaillant sur des scènes du Tartuffe de Molière, nous explorerons comment la pratique de l’Étude, issue de l’École russe, aide à l’engagement de l’acteur et à sa mobilisation respiratoire. Grâce à l’étude de la composition, l’acteur apprendra à délimiter les différentes parties d’une scène, et comment elles s’opposent entre elles, à différencier les moments ouverts à l’improvisation et aux variations, de ceux qui, comme des passages obligés, demandent précision et exactitude de jeu.
Les liens entre les différents ateliers sont maintenus en permanence par les intervenants Catherine Rétoré, Sava Lolov, Valérie Bezançon, Lionel Robert, Benoît Lugué et Thibaut Fernandez, qui développent ces pratiques depuis des années et les croisent ensemble.
Nous conseillons à chaque stagiaire d’apporter son tapis de sol, et de venir avec une tenue souple, chaude, confortable (non serrée à la taille). Pendant nos séances de gymnastique respiratoire, les fenêtres de l’ARTA sont ouvertes.
« Les jours où tu sentiras ta respiration comme une source limpide, une petite divinité dispensatrice de bons offices qui anime tout ce qui vit, de la naissance à la mort, tu auras la clef qui ouvre toutes les autres portes de la technique de l'acteur. La respiration est à la base d'une bonne diction, d'une lecture intelligente, aussi bien que des mouvements tragiques ou effets comiques bien placés. Tu dois donner l'impression que tu ne t'interromps jamais pour reprendre haleine. Fais tout ce travail qui va te demander du temps, de la patience, et surtout de la régularité dans l'effort. » Charles Dullin