Connu pour ses rôles dans les films asiatiques, notamment avec Jacky Chan ou Gong Li, Wu Hsingkuo est un artiste complet : formé à l’opéra de Pékin, primé à de multiples reprises, il est non seulement acteur sur scène et à l’écran, mais aussi danseur. C’est à Taïwan, en 1986 qu’il a fondé le Comtemporary Legend Theatre pour réagir au déclin de l’opéra classique chinois et le moderniser : il entreprit tout d’abord de rompre avec les conventions en empruntant des éléments du répertoire et des techniques occidentales. Gagnant la reconnaissance internationale, il lui apparut que l’opéra chinois, avec son style si unique alliant le chant, la déclamation, la performance et l’acrobatie avait quelque chose d’important à donner, à partager avec le reste du monde. Il allait ainsi emprunter une «voie à double sens» entre tradition et avant-garde, Chine et occident. Ses recherches l’ont amené à puiser dans toutes les formes du répertoire, à tirer profit de sa parfaite maîtrise des techniques traditionnelles, tout en insérant dans ses mises en scène effets spéciaux et références au cinéma contemporain. Invités dans les plus grands festivals internationaux, il a notamment triomphé au Metropolitan Opera House de New-York, avec Le Premier Empereur, aux côtés de Placido Domingo. Il a d’autre part monté En attendant Godot de Samuel Beckett qui a reçu à Taipeï le prix de la meilleure mise en scène. Le réalisateur Walter Asmus (qui a travaillé avec Samuel Beckett pendant des années), dit avoir été impressionné par la poésie et la beauté théâtrale de ce spectacle qui est parvenu selon lui à «décoder Beckett». Wu Xingkuo Pour le Contemporary Legend Theater, qui se distingue ainsi des troupes traditionnelles, les techniques dites de l’opéra de Pékin sont le point de départ de sa quête d’une nouvelle forme scénique. Wu Hsing-kuo affirme ainsi que «la destruction et l’abandon permettent l’innovation, et que l’innovation permet la transmission : pour faire passer à la génération suivante l’esprit de l’opéra de Pékin, il faut constamment réinventer.» Wu Hsing-kuo est entré à l’Académie nationale des Arts dramatiques Fu Hsing à l’âge de 11 ans. Il y étudia durant huit années et obtint des premiers rôles dans la troupe de l’école dès l’âge de 16 ans. Une fois diplômé de cette Académie, il s’inscrivit à l’université de la Culture chinoise, à Taipei. Il fut par la suite embauché par Lin Hwai-Min, le fondateur de Cloud Gate. Les voyages qu’il effectua avec la troupe à l’étranger, et les films, les spectacles qu’il y vit contribuèrent à former sa vision. En 1984, il commença à travailler sur l’ébauche d’un nouveau style d’opéra, qu’il situa dans un lointain passé afin de mêler des éléments culturels divers sans s’embarrasser des conventions. C’était le seul moyen, se disait-il, de ramener vers l’opéra un public plus jeune. Il prit une pièce du répertoire théâtral classique occidental, Macbeth de Shakespeare, comme point de départ et, avec quelques amis travailla à son adaptation. Après trois ans, ils présentèrent enfin Le Royaume du Désir qui fut joué dans 26 villes à travers le monde – au Royal National Theatre de Londres, au Palais des Papes d’Avignon, dans plusieurs villes du Japon, à l’Odin Theatret d’Holstebro au Danemark, ou encore au festival Spoleto de Charleston, aux Etats-Unis. Conforté par ce succès, Wu Hsing-kuo a continué dans la même veine avec War and Eternity (adapté de Hamlet) en 1990, Le Roi Lear en 2000 et La Tempête en 2004. Sans se limiter à Shakespeare, il s’est aussi inspiré de la tragédie grecque avec Médée d’Euripide en 1993 et L’Orestie d’Eschyle en 1995. Il a également adapté des pièces classiques de l’opéra de Pékin (Les derniers jours de l’empereur Li Yu et La concubine cachée). Il a créé deux hip opéras, dont The play of Brother and Sister, en 2002.