10 jours — 60 heures + une nuit de travail obligatoire Veillée de la parole et du langage de 21h à 7h du matin le samedi 25 novembre
Je fais ce stage parce que j’aime le monde et la vie possible sur la terre.
Parce que j’aime les cultures et les traditions quand elles apportent un supplément d’âme à ce que nous sommes afin de continuer le plus beau geste de la vie : vivre en se questionnant à travers nos rites et rythmes de vie.
Parce que la force du théâtre est une grande lumière contre l’obscurantisme et les propagandes qui tuent la vie et prônent la mort de la vie… Dieudonné Niangouna
Comment s’inspirer des rêves pour créer une partition dramatique, les rêves étant les matrices du poème d’où l’acteur va cheminer ? Comment faire parler son corps, tant dans la solitude que choralement ? Comment convoquer son corps à l’appropriation consciente de cette matière, oser s’aventurer, se laisser entraîner, pour inventer des voies de dramaturgies singulières ? Tel est le chemin proposé ici à «l’acteur créateur» :
Le fait de déverrouiller les mystères visera non pas à les rendre profanes mais à raconter de façon théâtrale la multiplicité des possibilités rationnelles qu’ils renferment :
«L’acteur est cet organe qui libère les songes. Il doit rentrer dans une forêt noire avec pour seule boussole la lumière de son corps : corps étranger face à la matière, esprit troublé par l’incompréhension des mystères, désir inassouvi de jouer le jeu de Prométhée.
Il est «Un» mais divisible. Rebelle à toute vanité du langage mais perméable aux univers incertains pour transcender, non expliquer par son «je» la raison de son transport.
Et sorti de la forêt l’acteur devient le chœur, le coryphée et l’élément activant de la fable qui nous est racontée par lui-même.»
Dieudonné Niangouna invite ainsi à aborder la notion du générateur-corps-orchestre où l’acteur accomplit la fabuleuse alchimie du rite et des rythmes.
Conçu en trois étapes de travail, le stage Rites et Rythmes se déroulera suivant les intitulés de trois mouvements dramaturgiques : Sillage, Laboratoire et Guérison.
SILLAGE : première étape de travail qui va durer trois jours; parle du passé conséquent et des songes marquants. Il est constitué de récits de rêves que vont apporter chaque participant. Ces rêves doivent être racontés par leurs géniteurs, les participants à l’atelier, puis écrits par eux-mêmes sous ma direction et rapportés à nouveaux dans une sorte de débats entre la parole rêvée et la parole écrite. À ces rêves vont s’ajouter les références mythologiques et réelles d’un passé proche, pour ne pas dire d’un présent, emprunté de chaque participant.
LABORATOIRE : on est ici dans un temps de recherche pour trouver le médicament nécessaire à notre condition actuelle d’humain sous peau de peur (pour ne pas dire suppôt de peur) : La Confiance. L’esprit de ce laboratoire est tout simplement poétique et non scientifique. Ici nous rentrons dans une zone de turbulence émotionnelle. Cette longue recherche est basée sur les sensibilités pour trouver en nous ce qui fait peur, afin de déjouer les mécanisme du sillage et d’inventer la raison Shakespearienne du TO BE OR NO TO BE. Par une série d’exercices, l’acteur se met en scène et trouve sa propre bête et son petit ange dans le même corpus, celui de son rêve, et l’actionne comme étant une seule et même identité. Cette étape durera cinq jours.
GUERISON : François de La Rochefoucauld disait «qu’on peut tomber de la montagne et se relever.» La rédemption est là. Devrons nous nous laisser mourir ou renaître de nos cendres comme le phénix? L’enjeu dans cette dernière partie est de sagement prôner le courage poétique de l’utopie, d’inventer une dimension réelle de l’homme, de pouvoir la porter et de parvenir à l’assumer, non sans la critiquer incessamment. C’est l’étape de la transcendance de sa fable dans un espace pluriel où d’autres fables se racontent. Comment tenir sa fable en l’articulant à d’autres ? Partager un espace commun de fables différentes et trouver une dramaturgie qui les fait raconter toute en une fable arc-en-ciel. Une grande fresque humaine. C’est à cette étape définitive qu’on joint tous les rêves des participants pour opérer une alchimie de sens et d’émotion qui donnerait un texte, un jeu qui est fait de «je» au pluriel, une mise en scène partagée entre le directeur de l’atelier et les participants.