Le Pansori est un long récit picaresque, tour à tour joué, parlé et chanté, où l’interprète, homme ou femme, est accompagné(e) par un percussionniste. L’interprète fait ainsi vivre à lui seul des heures durant tout une palette de personnages hauts en couleurs, tels que paysans, charlatans, artisans, nobles ou guerriers… Le joueur de tambour, qui soutient et commente malicieusement l’action, la fait rebondir par ses interventions tout en humour.
Apparu en Corée aux alentours du 18ème siècle, le Pansori a tout d’abord été associé aux rituels des chamans. Il s’en émancipa, et les interprètes devinrent itinérants, jouant à leur gré sur les places publiques. Pan signifie place publique ou marché, et Sori signifie le son ou le bruit. Pansori pourrait ainsi qualifier la parole proférée ou chantée en tel lieu par une personne en bas de l’échelle sociale… En effet, le genre, qui ne cessa de se transformer, fut d’abord apprécié du monde paysan avant d’intéresser lettrés et fonctionnaires.
Menacé de disparition, cet art a été proclamé «Bien culturel important» en 1963, ce qui favorisa un renouveau. En 2003, il a été inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Avec un éventail pour tout accessoire, l’interprète, «le gwangdae», est à la fois chanteur, conteur et comédien-mime. Il tient à lui seul tous les rôles, entre récitatifs et chants. La technique vocale, pleine voix gutturale et saccadée, tantôt «voix rauque», «voix de jade (claire)», «voix frissonnante (beaucoup de vibrato)», «voix de fer (dure)», etc., demande beaucoup d’énergie et résulte d’un long entraînement. Son accompagnateur, «le gosu», ne se contente pas de rythmer le récit avec son tambour. Il invective, encourage verbalement, ponctue le jeu par de petites exclamations telles que «Jotta!» ou encore «Eulsigu!», comme s’il s’agissait de s’encourager lui-même en encourageant le chanteur. Les spectateurs prennent également part à ce long chant épique au travers d’exclamations relatives aux sentiments et aux valeurs exprimées par l’histoire et pour souligner la qualité de l’interprétation.