Danses de Kandy (Sri Lanka)

Les danses des collines

L'origine des danses du Sri Lanka remonte très loin aux temps immémoriaux de ses tribus arborigènes et de ses démons. Une légende cinghalaise raconte qu'il y a 2500 ans la vision de ces danses désensorcela un roi...

Il existe aujourd'hui trois types distincts d'écoles de danse au Sri Lanka :

  • celle de Kandy (de la région des collines)
  • celle de Sabaragamuwa (du centre)
  • celle de la côte Sud.

Seules les danses de Kandy sont devenues typiquement cinghalaises, étroitement associées avec l'idée de danse nationale. Pourquoi ?

Alors que le Sri Lanka a été successivement colonisé tout au long de son histoire, le Royaume des collines résista au joug de l'envahisseur étranger jusqu'en 1815. Dans cette région où demeurent les "arts presque oubliés", la danse se développa sous le patronage royal et la tradition orale eut le temps de se propager à travers les villages. Sur les sons et les rythmes des tambours (symboles de la parole et de la magie), les danses se fixèrent, sous plusieurs formes :
Ves (la plus ancienne, magique), Naiyandi (danse de cour), Udeki (danse rituelle), Pantheru (jonglage et équilibre avec disques), Vannam (solos dansés sur des chants couvrant de nombreux thèmes, dont dix-huit "classiques")...

Au XXe siècle, ces danses ont considérablement évolué sous l'impulsion de grands maîtres comme Chandralokha, l'homme de théâtre Seebert Dias, et surtout Chitrasena et son épouse Vajira (parents d'Upeka).
En gardant le mystère et la rigueur technique originelle de leur art, ces danseurs ont enrichi leur tradition par des influences venues de l'Inde du Sud (Bhârata Natyam et Kathakali) et par leurs recherches vers la danse contemporaine.
Répondant au désir que le peuple cinghalais avait de voir du théâtre, ils ont magnifiquement su adapter les formes de la danse ancienne à la représentation dramatique et au ballet.
Initialement réservées aux hommes, les danses de Kandy sont aujourd'hui aussi bien féminines (lasya) que masculines (tandava). Elles allient force et grâce sur les rythmes innombrables des percussions.
Entre ciel et terre, dans le code de ces danses pures, le danseur développe sa propre créativité. Pris par son personnage, il raconte une histoire mais n'utilise pas les mudra (langage des mains), comme dans la tradition indienne. Il peut incarner un animal dans son essence même, donner vie aux héros mythiques...
Le répertoire est d'une richesse infinie. Ravi Shankhar a demandé au couple de danseur Vajira et Chitrasena de créer une chorégraphie sur sa musique. De nombreux artistes, comme Martha Graham, le mime Marceau, les étoiles russes, ont puisé à la source mystérieuse de ces danses.