Kati (Catherine) Basset a vécu dans les villages de Bali et de Java pendant environ 12 ans, entre 1982 et 2016, 6 ans d’affilée puis en missions ponctuelles pour la préparation de spectacles ou de publications ou pour la recherche ethnologique. En tant qu’artiste, comme Made Wardana, elle a élargi son domaine, de la musique au spectacle total et de la tradition à la création.
Immédiatement intégrée comme citoyen-musicien (au masculin) au gamelan dans les rituels balinais, puis sollicitée pour accueillir (avec des spectacles) des célébrités françaises et pour collaborer à des créations théâtrales franco-indonésiennes, elle a monté 9 troupes (en gagnant des prix, des bourses et des dons ainsi que des récompenses pour des publications) dans son village d’adoption (Abianbase, Gianyar), dans le but de redonner naissance à des traditions scéniques en voie de désuétude ou méconnues de l’Occident, en particulier de théâtre dansé. Elle a ensuite revigoré des traditions dans plusieurs régions de Java, à Sunda et Rote.
Il en a résulté plusieurs tournées balinaises dans les grandes salles et festivals d’Europe, pour lesquelles elle travaillait à l’adaptation (mise en scène et médiation linguistique) permettant au public d’accéder aux formes théâtrales traditionnelles dans leur globalité, philosophie et humour inclus.
De là, elle a réalisé de véritables créations scéniques, toujours au service des traditions balinaises ou javanaises, dont une, montée pour les festivals dans les théâtres antiques de Fourvière (Lyon) et d’Athènes avec la troupe de Talepud (Bali), est disponible en DVD (4 films — la captation du spectacle et 3 documentaires tournés à Bali et CD audio) : Les aventures du Prince Rama (ed. Accords Croisés, 2008, Coup de cœur Charles Cros).
Parmi ses créations interculturelles, on notera (entre autres) un grand Ramayana avec gamelan, par 165 scolaires de France (Cité de la Musique/Philarmonie de Paris, 2009), Impen Wengi ing Merapi (adaptation javanaise du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare) au volcan Merapi (Java-Centre, 2013) avec 165 acteurs javanais (en majorité élèves de primaire et de terminale), de multiples épisodes du Ramayana, du Mahabharata et de Panji et enfin, en 2016, un chantier de recherche sur un projet datant de 2009, Médée-Calonarang, pour 2 acteurs (Ketut Sariana, balinais marionnettiste dalang, acteur-danseur, musicien, peintre et sculpteur et Nicolas Gonzalès, acteur, metteur en scène et poète français féru d’art martial malais-indonésien) dont rend compte un film de Cannelle Guhur.
Auteur d’une thèse sur l’anthropologie du gamelan (qui en révèle la véritable structure musicale, le mandala) pour un doctorat d’ethnologie (Paris 10, 2004) ainsi que de nombreuses publications (ouvrages complets, direction d’ouvrage, articles scientifiques et tout public, CDs, site pédagogique multimédia…) et d’innombrables conférences, émissions et interventions radiophoniques, Kati Basset est chercheur associé au laboratoire Centre Asie du Sud-Est (CASE, CNRS-EHESS-INALCO).
Enseignante à l’INALCO (arts du spectacle en Asie du Sud-Est, cultures régionales d’Indonésie, sous-titrage de films et, à partir de 2021-22, langue indonésienne), elle y a créé le théâtre multilingue à la tête d’un atelier aboutissant à des spectacles de création : Gulliver à Laputa : le retour (2016), Peer Gynt : pelures et pelotes (inspiré d’Ibsen, 2019), Coriolanus (2020), L’ange des faubourgs (inspiré de La bonne âme de Se-Tchouan, de Brecht, 2021).
Férue d’Antonin Artaud, dont, grâce à Bali et sa culture initiatique tantrique, elle donne une nouvelle lecture, elle lui a consacré son dernier article, disponible en anglais sur internet, « Antonin Artaud, the Balinese Theatre, the “Double” and Shiva », revue internationale Transcultural dialogues — n°5 September 2020 — autumn equinox.