Historique

Hier vaste terrain vague parsemé d’anciens baraquements militaires, aujourd’hui îlot de campagne préservé dans Paris la Cartoucherie abrite cinq théâtres, dont le Théâtre du Soleil, et une école, ARTA, Association de Recherche des Traditions de l’Acteur, dirigée aujourd’hui par Lucia Bensasson et Jean-François Dusigne. Tous deux ont été, à des époques différentes, comédiens au Théâtre du Soleil, compagnie fondée en 1964 par Ariane Mnouchkine. C’est sous son impulsion et sous la présidence de Paul-Louis Mignon que Lucia Bensasson et Claire Duhamel ont créé ARTA en juin 1988. En 1999, Claire Duhamel a confié sa succession à Jean-François Dusigne. En 2006 Louis Joinet succède à Paul-Louis Mignon. En 2017 Georges Banu reprend la présidence.

Située au coeur de la Cartoucherie, ARTA est étroitement liée aux cinq lieux théâtraux de la Cartoucherie, le Théâtre du Soleil, le Théâtre de l’Aquarium, le Théâtre de la Tempête, le Théâtre de l’Epée de Bois et l’Atelier de Paris – Carolyn Carlson CDCN. ARTA a tout d’abord été nomade : bénéficiant pour son administration de l’accueil du Théâtre du Soleil, l’association a commencé par organiser ses stages et manifestations dans les différents théâtres de la Cartoucherie. Les activités d’ARTA prenant de plus en plus d’ampleur, la Ville de Paris lui a octroyé en 1994 la “ Maison Blanche ”, après avoir réhabilité ce bâtiment de la Cartoucherie avec le concours du Ministère de la Culture.

Lieu de formation et de ressourcement pratique pour les acteurs professionnels, français et étrangers, ARTA propose tout d’abord une approche pratique des grandes sources de jeu du théâtre mondial. Selon des formules variables, d’une durée moyenne de quatre semaines, des ateliers sont proposés aux professionnels français et étrangers sous la direction des plus grands maîtres. Ces acteurs-pédagogues sont les dépositaires directs de traditions parfois ancestrales, méconnues ou oubliées, qu’ils contribuent à vivifier. Leurs traditions demeurent une source inépuisable d’inspiration pour le comédien qui désire passer aisément de la précision du jeu réaliste au rythme du jeu stylisé, sans perdre pour autant les clés essentielles qui conduisent vers le rôle : l’imagination et la vérité intérieure.

Car assurément, le métier ne se réduit pas à la maîtrise de la parole, et l’art de l’acteur n’est pas qu’affaire de talent, de présence ou de rapport ineffable avec le public. Il importe de savoir se préparer concrètement, tel un musicien ou un danseur, pour éveiller ses sens, muscler son imaginaire et approcher physiquement un rôle. L’apprentissage des techniques traditionnelles conduit à un entraînement non cloisonné où le jeu se mêle au chant, à la danse, à l’acrobatie, parfois même au combat. Par delà les différences culturelles et la multiplicité des formes, toute approche organique du jeu par le corps appelle à mettre chaque fois en évidence les lois du mouvement qui régissent l’organisation de la vie, et par suite des arts, du geste à la parole, du silence à l’immobilité, du cri au chant. L’imaginaire peut alors prendre le relais du réel. ARTA constitue également par sa documentation un carrefour de recherches ouvert aux étudiants, qui y trouvent la possibilité d’observations concrètes et d’échanges avec les artistes qui y séjournent. Le partage et la confrontation d’expériences, dans un contexte indépendant de tout impératif de production permet ainsi à l’acteur de faire régulièrement le point sur la conduite de son métier et de réfléchir sur l’évolution de sa pratique artistique.

ARTA est subventionnée par le Ministère de la Culture et reçoit le soutien de la Ville de Paris

La Cartoucherie

Au cœur du Bois de Vincennes, la Cartoucherie est un rucher de théâtre et de danse qui respire, vibre et palpite au rythme de l’écoute sensible du monde. Hier fabrique de munitions, aujourd’hui poudrière de créations, la Cartoucherie rassemble autour d’un même esprit solidaire différentes démarches esthétiques portées par des aventures humaines singulières. Le Théâtre du Soleil s’y est installé en août 1970, rejoint par les théâtres de la Tempête, de l’Aquarium, de l’Epée de Bois et du Chaudron. Depuis 1989, la Cartoucherie abrite également ARTA, l’Association de recherche des traditions de l’acteur, et, depuis 1999, l’Atelier de Paris-Carolyn Carlson. Au fil des années, la Cartoucherie a bâti son histoire, une architecture éphémère et fragile qui, dans le paysage artistique international passe aujourd’hui pour un lieu-phare, grâce au soutien indéfectible de générations de spectateurs. Tout est fait pour que chacun puisse se dire qu’en cet endroit des femmes et des hommes travaillent en son absence à préparer sa possible venue : dans ces anciens hangars, sur cet îlot entouré d’arbres, ils veillent à entretenir cette lueur, que le public enflammera peut-être, si pour le spectacle il se sent convié à embarquer lui-aussi, tel un passager monté à bord d’un navire qui aurait fait escale, pour rejoindre l’expédition poétique en cours. Le travail se poursuit ainsi, dans un esprit artisanal et collectif. Il s’agit de raconter, danser, jouer le monde, pour le changer. Prendre le temps d’ouvrir les saveurs, d’attiser les sens pour appréhender autrement les choses, dans leur tremblement. Rire, s’étonner, frissonner, fulminer, sonder les rêves, oser les visions. Dans l’enceinte de la Cartoucherie, les lieux peuvent à tout moment être transformés, reconstruits, pour ouvrir de nouveaux espaces imaginaires, raconter des histoires pour éclairer les contradictions du présent. La Cartoucherie, c’est aussi un abri. Autour des théâtres, des roulottes hébergent des amis, des femmes et hommes de passage, de régions du monde parfois meurtries. Leurs présences appellent à rester éveillés, à porter attention au monde. Jean-François Dusigne