Paroles en résonnance
Comment s’entraîner sur les textes ? Chaque action, même la plus infime, engage un certain type de tension. Suivant l’événement rencontré, le cœur bat plus ou moins vite. L’organisme ne cesse de s’adapter, de changer de dynamique. Commencer par respirer organiquement le texte, en portant son attention sur le souffle qu’il requiert, conduit à cerner le rythme propre de celui qui « écrit à voix haute ». Plutôt que de s’appesantir sur les mots, il s’agit de suivre leurs impulsions, libérer les énergies, soutenir le flux, laisser résonner. Préciser le regard, parler à voix haute en engageant tout le corps dans l’espace, ponctuer, syncoper, articuler les rythmes du mouvement et de la parole. Bouger, évoluer, rebondir, se laisser inspirer. Intéragir avec l’autre, laisser résonner, recevoir l’écho de ce qu’on a provoqué, parier sur la scansion du texte, sur sa « musicalité », pour contribuer au surgissement des sensations, des pensées, des sentiments dont s’imprègne l’acte même d’une parole qui veut vivre.
Action verbale, jouer l’intime à ciel ouvert
Dans une perspective de mise en jeu, nous aborderons poèmes, monologues et dialogues. Nous ne nous contenterons pas de travailler texte en main, il faudra mémoriser pour laisser la parole «se décanter», et se rendre libre d’agir en scène en corps et en voix.
Corps relâché, corps en éveil, le sol partenaire, l’animalité, action et réaction, passer d’un état de corps à un autre, l’état de corps nécessaire à une action, de l’immobilité à l’acte, de l’acte à l’immobilité, jaillir. Corps en relation, corps qui construit en dialogue, la proximité ou le lointain de l’autre, la chair, l’aura, la prise de l’autre, l’étreinte, violence et douceur, éros et thanatos. Corps qui se représente, corps en représentation, l’avant entrée en scène, le corps théâtral, l’espace à prendre, le rituel et le chaos, Apollon et Dionysos.
Cet atelier vise à aider chacun à révéler tout son potentiel musical, à approfondir les acquis personnels, et à accompagner d’éventuels projets. Individuel ou collectif, le travail s’appuie sur l’expérience physique du son et l’engagement, ici et maintenant, de la personne dans l’espace. Il s’agit de développer l’autonomie de l’interprète : l’aider à prendre lui-même conscience du chemin qu’il veut découvrir et des éléments techniques qu’il doit acquérir ou affiner pour réaliser son chant intérieur.
Frédéric Ligier