Assisté de Kamal Kant et de Megha Panwar
En partenariat avec l’Atelier de Paris - Carolyn Carlson
Le mot signifie « conteur » et trouve ses racines dans le terme « Katha », histoire. Autrefois, plusieurs communautés de conteurs de l’Inde du nord, qui régalaient les spectateurs avec les épisodes de la mythologie, les légendes et les contes populaires, ont incorporé la musique, le mime et la danse dans leurs représentations. Parmi ces communautés, il y avait celle des Kathaks, qui étaient à la fois danseurs et musiciens. Au fil des années, avec la popularité croissante du culte du dieu Vishnu, des hymnes, des compositions lyriques et des chansons sacrées ont été créés et lui ont été dédiés. Le Dieu Krishna (réincarnation de Vishnu), qui est l’inspirateur du Kathak, est souvent associé à l’attribut « Natvara », le danseur divin. Les danseurs choisissent et interprètent fréquemment des épisodes qui relatent les amours de Krishna et Radha, la jolie bergère, cités notamment dans la Gîta Govinda.
Les souverains des cours mogholes et hindoues introduisirent la danse à la cour, ce qui entraîna des transformations dans le style. Dès lors, cette danse à l’origine exclusivement dévotionnelle devint aussi un divertissement, s’enrichit de nouveaux éléments et fit une grande part à la virtuosité technique et à la danse pure.
On parle souvent de la danse Kathak comme étant à l’origine du Flamenco, que des nomades, des Gitans partis du désert du Thar, auraient apporté jusqu’en Espagne.
La technique Kathak aujourd’hui est caractérisée par un langage complexe : frappes de pieds (tatkar), « footwork » rythmique rapide réglé sur un cycle complexe de temps, pirouettes rapides (bhramaris), poétique d’expression (abhinaya) et langage gestuel des mains (mudras).
Avec beaucoup d’importance accordée aux rythmes, la danse se construit autour de paroles rythmiques (bols), qui sont accompagnées au tabla ou au pakhawaj, récitées par le danseur avant qu’il ne les interprète avec les frappes de pieds et ses 200 clochettes autour des chevilles. La représentation est donc un dialogue virtuose entre le percussionniste et le danseur. Jaipur, Lucknow et Bénarès sont identifiés comme les trois écoles, ou gharanas, où cet art s’est fixé et où les aspects interprétatifs et rythmiques ont été amenés à un très haut degré de raffinement.
La famille Kawa descend de la dynastie des rajputs Kachawa, qui est originaire du village de Daudasar, près de Jaipur dans le Rajasthan. Elle est arrivée à Jaipur peu après la fondation de la ville, il y a plus de 250 ans. Elle s’y est établie depuis et a exercé son art dans les différentes cours royales qui s’y sont succédées jusqu’à nos jours. Même si les cours des Maharajas ont perdu de leur pouvoir depuis la domination anglaise de l’époque victorienne, elles gardent tout de même leur splendeur et confèrent un prestige toujours aussi grand aux danseurs qui s’y produisent.
Guru Girdhari Maharaj est le père et maître de Kamal Kant. Le terme Maharaj est un titre qui signifie que son porteur est « roi » dans sa discipline. Il a le privilège de pouvoir donner des représentations à la cour royale de Jaipur, ce qui fait de lui un personnage très respecté et un garant de cette tradition séculaire. Sa réputation s’étend d’ailleurs au-delà des frontières du Rajasthan, et de nombreux élèves viennent de toute l’Inde pour recevoir son enseignement. Il est aussi reconnu mondialement comme l’un des meilleurs représentants de cet art. Il a aussi su s’adapter à son époque et a participé à bon nombre de chorégraphies contemporaines. Il a enseigné pendant seize ans à la Rajasthan Sangeet Sansthan (Université des Arts de Jaipur).
De la même manière que son père Pandit Lakshmi Narayana Maharaj l’a fait avec lui, il a transmis son savoir à ses quatre enfants. Il a même brisé les conventions et enseigné son art à sa fille aînée, Vandana, qui est maintenant professeur de danse dans une école royale de Jaipur. Ses trois autres enfants, Kamal, Kaushal et Keshav, ont tous commencé leur apprentissage très jeunes, vers 4 ans, sous la direction de leur père.
Au-delà de cet enseignement, chacun a pu suivre sa voie. Ainsi, Kaushal s’est dirigé vers le tabla, percussion classique de l’Inde, il accompagne diverses formations classiques. Keshav et Kamal, quant à eux, continuent à danser, suivant la tradition de leur père.