Majuli, la plus grande île fluviale d’Asie, est le berceau d’une tradition culturelle et artistique spécifique à l’Assam, un état de l’extrême nord-est de l’Inde. Les Moines Danseurs de Majuli y perpétuent depuis cinq siècles un art classique majeur : le Sattriya. L’érosion du Brahmapoutre et les inondations ont déjà amputé un tiers de l’île, engloutissant 40 monastères et plusieurs villages tribaux. Portés par le talent du moine-artiste Bhabananda Barbayan et le soutien de l’association Préserver Majuli, les Moines Danseurs de Majuli ont permis de mettre en lumière un patrimoine artistique en passe de disparaître. En 2001, une troupe d’artistes inconnus venus du lointain Assam recevait à Delhi, des mains du Premier Ministre et du Ministre de la Culture, la meilleure récompense pour sa prestation de danse. L’Inde venait de découvrir une part essentielle de son patrimoine artistique. Après cinq siècles d’existence, le Sattriya était enfin reconnu comme un des plus grands arts du spectacle traditionnel indien à l’instar du Bharat Natyam, du Kathakali, du Kuchipudi ou du Manipuri. Le nord-est, éloigné géographiquement et culturellement du reste de l’Inde, est resté longtemps ignoré. L’état de l’Assam, dans la vallée du Brahmapoutre, a vu naître et se développer un style de danse et d’art dramatique particulier : le Sattriya. Ce spectacle sacré et didactique est interprété par les bhakats (moines-artistes-paysans). Son origine remonte au grand mouvement néo-vishnouite qui débuta au 15ème siècle. Le maître Sankaradeva le créa vers 1480 en s’inspirant d’éléments du Natya Sastra (grand traité de danse-théâtre-musique écrit par Bharata environ 200 ans après JC). Il tire son nom du mot «sattra» qui désigne des monastères uniques en leur genre. Tandis que dans l’Etat voisin, le Manipuri était popularisé par ses danseurs en Inde et à l’étranger, le Sattriya ne se répandait guère au-delà des frontières de l’Assam. La méconnaissance de l’ensemble de la région et la contiguïté des états du Manipur et de l’Assam pourraient justifier l’assimilation de leurs styles respectifs. Ces deux traditions s’inspirent effectivement de la littérature Vaishnava (dévotion de Vishnu) ; cependant le Sattriya présente de notables particularités : il n’évoque pas Radha, la maîtresse de Krishna, et n’aborde pas le thème de la chasse par principe de non-violence. Ces grandes œuvres classiques animent depuis cinq siècles toutes les cérémonies religieuses ou de cour de l’Assam. Vers les années 1940, un chef de monastère, ami de Ghandi, a encouragé la population d’Assam à apprendre le Sattriya, jusque-là interprété uniquement par des moines. Aujourd’hui le Sattriya est très populaire en Assam, il est enseigné dans les écoles et compte de très bons danseurs laïques. Les Moines Danseurs de Majuli, eux, ont grandi dans les Satras. Depuis des siècles, les aînés transmettent aux plus jeunes cet art créé pour eux par Sankaradeva. Ils en maîtrisent ainsi parfaitement la genèse.
Les pièces d’art dramatique du Sattriya appelées Ankiya Bhona furent écrites au 15ème siècle, principalement à partir d’épisodes du Mahâbharata et du Râmâyana : 6 par Sankaradeva et 6 autres par son apôtre Madhavadeva. Depuis cinq siècles, cette pratique théâtrale de haut vol unit sans complexe la constance dévotionnelle aux plaisirs du divertissement populaire. Le registre est épique et la succession de scènes comiques, belliqueuses, matrimoniales, chantées, dansées, etc. s’opère en favorisant la clarté du récit pour tous. Savamment codifié, le jeu sait rester limpide. Jamais la rigueur dramatique ne vient brider la familiarité des interprètes à l’égard de leurs personnages et de leur dimension sacrée. Phénomène scénique rare, le naturel de leur présence crée un bel équilibre en résistant à la rigueur du jeu d’acteur. Les Ankiya Bhaona sont composées de courts dialogues et entrecoupées de danses variées, de musiques et de narrations chantées/récitées (Sutra Katha). Les pièces ininterrompues ne comportent pas d’actes ou de scènes. Les personnages entrent sur la scène de forme oblongue sans décor reproduisant le temple (namghar). A l’occasion, le fond de scène peut s’ouvrir sur l’extérieur laissant apparaître la végétation éclairée. Les notions de temps et d’espace sont indiquées dans les chants ou les danses.
Le Sattriya est une danse didactique et dévotionnelle dominée par un sentiment d’amour universel. Elle symbolise les actions de Vishnu, et plus particulièrement de son avatar Krishna, un dieu incarné au charme irrésistible, qui combat le mal tout en démontrant que la vie sur terre n’est pas dénuée d’agréments. Les positions du corps, des mains, des pieds, et les expressions du visage répondent à une symbolique complexe. Le danseur animé d’une sorte de grâce communicative devient un instrument dans la main des dieux dont la mission est de transcrire la vie cosmique et humaine pour aider chacun à vivre en harmonie avec la «Loi du Bon Ordre». Il s’agit aussi, l’espace de quelques minutes, pour le danseur comme pour le public, de s’intégrer au cosmos et de retrouver son «soi intérieur infini». Pour cela, le danseur s’identifie totalement à la divinité telle qu’il se la représente. Il puise son inspiration dans les descriptions contenues dans les textes anciens et l’imagerie populaire. Cette métamorphose passe non seulement par les costumes et les maquillages sophistiqués, mais aussi par des expressions du visage, du corps et jusque dans les intonations de la voix. Le plaisir de jouer des histoires en combinant danse et rythme. découvrir un style encore méconnu avec les artistes indiens en tournée au théâtre du Quai Branly. Stage d’initiation ouvert à tous. Majuli, la plus grande île fluviale d’Asie, est le berceau d’une tradition culturelle et artistique spécifique à l’Assam, un état de l’extrême nord-est de l’Inde. Les Moines Danseurs de Majuli y perpétuent depuis cinq siècles un art classique majeur : le Sattriya. L’érosion du Brahmapoutre et les inondations ont déjà amputé un tiers de l’île, engloutissant 40 monastères et plusieurs villages tribaux. Portés par le talent du moine-artiste Bhabananda Barbayan et le soutien de l’association Préserver Majuli, les Moines Danseurs de Majuli ont permis de mettre en lumière un patrimoine artistique en passe de disparaître. En 2001, une troupe d’artistes inconnus venus du lointain Assam recevait à Delhi, des mains du Premier Ministre et du Ministre de la Culture, la meilleure récompense pour sa prestation de danse. L’Inde venait de découvrir une part essentielle de son patrimoine artistique. Après cinq siècles d’existence, le Sattriya était enfin reconnu comme un des plus grands arts du spectacle traditionnel indien à l’instar du Bharat Natyam, du Kathakali, du Kuchipudi ou du Manipuri. Le nord-est, éloigné géographiquement et culturellement du reste de l’Inde, est resté longtemps ignoré. L’état de l’Assam, dans la vallée du Brahmapoutre, a vu naître et se développer un style de danse et d’art dramatique particulier : le Sattriya. Ce spectacle sacré et didactique est interprété par les bhakats (moines-artistes-paysans). Son origine remonte au grand mouvement néo-vishnouite qui débuta au 15ème siècle. Le maître Sankaradeva le créa vers 1480 en s’inspirant d’éléments du Natya Sastra (grand traité de danse-théâtre-musique écrit par Bharata environ 200 ans après JC). Il tire son nom du mot «sattra» qui désigne des monastères uniques en leur genre. Tandis que dans l’Etat voisin, le Manipuri était popularisé par ses danseurs en Inde et à l’étranger, le Sattriya ne se répandait guère au-delà des frontières de l’Assam. La méconnaissance de l’ensemble de la région et la contiguïté des états du Manipur et de l’Assam pourraient justifier l’assimilation de leurs styles respectifs. Ces deux traditions s’inspirent effectivement de la littérature Vaishnava (dévotion de Vishnu) ; cependant le Sattriya présente de notables particularités : il n’évoque pas Radha, la maîtresse de Krishna, et n’aborde pas le thème de la chasse par principe de non-violence. Ces grandes œuvres classiques animent depuis cinq siècles toutes les cérémonies religieuses ou de cour de l’Assam. Vers les années 1940, un chef de monastère, ami de Ghandi, a encouragé la population d’Assam à apprendre le Sattriya, jusque-là interprété uniquement par des moines. Aujourd’hui le Sattriya est très populaire en Assam, il est enseigné dans les écoles et compte de très bons danseurs laïques. Les Moines Danseurs de Majuli, eux, ont grandi dans les Satras. Depuis des siècles, les aînés transmettent aux plus jeunes cet art créé pour eux par Sankaradeva. Ils en maîtrisent ainsi parfaitement la genèse. Ankiya Bhaona – le théâtre Les pièces d’art dramatique du Sattriya appelées Ankiya Bhona furent écèmes au 15ème siècle, principalement à partir d’épisodes du Mahâbharata et du Râmâyana : 6 par Sankaradeva et 6 autres par son apôtre Madhavadeva. Depuis cinq siècles, cette pratique théâtrale de haut vol unit sans complexe la constance dévotionnelle aux plaisirs du divertissement populaire. Le registre est épique et la succession de scènes comiques, belliqueuses, matrimoniales, chantées, dansées, etc. s’opère en favorisant la clarté du récit pour tous. Savamment codifié, le jeu sait rester limpide. Jamais la rigueur dramatique ne vient brider la familiarité des interprètes à l’égard de leurs personnages et de leur dimension sacrée. Phénomène scénique rare, le naturel de leur présence crée un bel équilibre en résistant à la rigueur du jeu d’acteur. Les Ankiya Bhaona sont composées de courts dialogues et entrecoupées de danses variées, de musiques et de narrations chantées/récitées (Sutra Katha). Les pièces ininterrompues ne comportent pas d’actes ou de scènes. Les personnages entrent sur la scène de forme oblongue sans décor reproduisant le temple (namghar). A l’occasion, le fond de scène peut s’ouvrir sur l’extérieur laissant apparaître la végétation éclairée. Les notions de temps et d’espace sont indiquées dans les chants ou les danses. Nach – la danse Le Sattriya est une danse didactique et dévotionnelle dominée par un sentiment d’amour universel. Elle symbolise les actions de Vishnu, et plus particulièrement de son avatar Krishna, un dieu incarné au charme irrésistible, qui combat le mal tout en démontrant que la vie sur terre n’est pas dénuée d’agréments. Les positions du corps, des mains, des pieds, et les expressions du visage répondent à une symbolique complexe. Le danseur animé d’une sorte de grâce communicative devient un instrument dans la main des dieux dont la mission est de transcrire la vie cosmique et humaine pour aider chacun à vivre en harmonie avec la «Loi du Bon Ordre». Il s’agit aussi, l’espace de quelques minutes, pour le danseur comme pour le public, de s’intégrer au cosmos et de retrouver son «soi intérieur infini». Pour cela, le danseur s’identifie totalement à la divinité telle qu’il se la représente. Il puise son inspiration dans les descriptions contenues dans les textes anciens et l’imagerie populaire. Cette métamorphose passe non seulement par les costumes et les maquillages sophistiqués, mais aussi par des expressions du visage, du corps et jusque dans les intonations de la voix. Les bhakats de Majuli maîtrisent leur art avec ferveur et simplicité. Le sacré le plus pur, le plus universel se manifeste de façon quasi ordinaire, et le spectateur sans référence est surpris de trouver là un accès facile à ce qui lui semblait a priori secret. Les bhakats de Majuli maîtrisent leur art avec ferveur et simplicité. Le sacré le plus pur, le plus universel se manifeste de façon quasi ordinaire, et le spectateur sans référence est surpris de trouver là un accès facile à ce qui lui semblait a priori secret.