Le Nô et le Kyôgen, constituent ensemble l’Art nommé Nohgaku, formé il y a environ 650 ans, entre 1333 et 1573. Ils dérivent des chants et des danses d’influence chinoise connus sous le nom de Sarugaku. Alors que le Nô hérite de la part la plus tragique du Sarugaku, le Kyôgen en vient à employer un jeu plus physique utilisant pantomime et dialogue comique. Par la clarté de ses dialogues et la lisibilité de sa gestuelle, le Kyôgen est une forme théâtrale qui célèbre la nature humaine en dépeignant de façon réaliste les scènes de la vie quotidienne et populaire de manière grotesque, allant parfois jusqu’à lui donner les traits d’une «admirable absurdité». L’acteur-kyôgen est l’homme aux paroles déplacées. Lorsqu’il est présent au cours d’une scène de nô, il est l’intermédiaire du waki, et représente les gens du peuple. Il rapporte les légendes qui courent à travers les campagnes, et les déforme par son imagination… En tant que bouffonnerie, le kyôgen se rapproche de la commedia dell’arte. Les pièces sont souvent satiriques : les seigneurs, les moines, les esprits et les démons y sont ridiculisés. Mais le kyôgen est aussi un art de contraste : même les situations les plus triviales sont stylisées. Les personnages grotesques gardent la plus grande dignité dans les scènes de lutte ou d’ivrognerie, qui sont toujours chorégraphiées. Les accessoires utilisés sont d’une simplicité extrême : l’éventail a différentes fonctions symboliques, il peut figurer un arc ou une scie. Un couvercle est utilisé pour boire le saké ou figurer un coffre rond de voyage. La sobriété est ici étudiée afin de porter toute l’attention du spectateur sur l’interprétation du comédien.