De la respiration à l’interprétation

Du 29 mars au 2 avril 2021

Stage dirigé par Catherine Rétoré, Sava Lolov, Thibaut Fernandez

Durée : 30h

Profil professionnel des stagiaires

Artistes du spectacle (comédiens, musiciens, danseurs, circassiens) en quête d’approfondir la base de leur pratique.

Présentation du stage

Pendant toute la durée de notre stage, nous établirons les liens étroits entre la respiration, la phonation et l’interprétation.

Savoir gérer son effort physique et vocal, acquérir de la légèreté et de l’envergure dans sa pratique artistique n’est possible qu’avec de bons appuis intérieurs : la respiration physiologique profonde est l’état qui les met en place. Dans ce mode respiratoire, le diaphragme et les muscles auxiliaires (muscles du dos et du ventre) sont le moteur principal. Ils donnent à l’expiration le rôle le plus important de l’acte respiratoire. La présence vocale et physique de l’artiste repose sur cette mécanique vitale. Pendant la respiration diaphragmatique profonde, c’est le corps tout entier qui respire, dénouant les contre-efforts ou crispations, l’essoufflement, le manque d’endurance, l’asphyxie à l’intérieur d’une phrase, la saturation du timbre dans la puissance, le manque de rythme, de vitalité, l’impossibilité de rupture, de relance…
La respiration physiologique est un levier fondamental de la qualité d’interprétation.

Stage à l'ARTA

Programme et objectifs pédagogiques

  1. Pratique de la gymnastique respiratoire : mobilisation de tous les muscles qui participent à la mécanique de la respiration physiologique. À partir de différentes positions, nous exécutons des cycles respiratoires sur différents rythmes, différentes intensités, par la bouche, par le nez, dans un bruissement d’air ou avec le timbre de la voix. Le but est de développer la condition physique par la répétition, la précision et l’attention du travail du souffle. Les séries de mouvements mobilisent d’une façon homogène la respiration, le travail musculaire, la concentration, le calme, l’engagement sans inhibition. Tout le groupe travaille comme un orchestre, tous les participants sont reliés par cette respiration dynamique, bruitée et rythmée. Nous sommes attentifs à ce que le travail ne soit jamais en force : nous tenons compte des raideurs et fragilités de chaque personne en adaptant certaines positions d’équilibre et certains mouvements physiques. Nous observerons l’expiration chez chaque stagiaire, la phase la plus importante de la mécanique respiratoire sur laquelle tout repose et dont l’inspiration dépend.
  2. Pratique de la phonation : prise de conscience de la voix physiologique à partir d’exercices tels que le travail du rire sur des gammes descendantes, des psalmodies sur différents phonèmes, des projections syllabiques. Nous réalisons que le soutien intérieur et toutes les sensations de mobilisation sont identiques : respiration physiologique/voix physiologique. Le timbre s’éclaircit, s’enrichit sur toutes les combinaisons syllabiques des voyelles et des consonnes jusqu’à l’obtention d’une phonation parlée spontanée et naturelle. La phonation parlée et chantée doit être basée sur une recherche permanente de la spontanéité, la simplicité, l’intensité expressive de ces deux formes de la voix humaine. Toute intention d’un effet vocal perturbe l’équilibre musculaire et respiratoire, moteur de la ventilation respiratoire permanente qui, seule, assure l’authenticité du texte.
  3. Pratique de l’interprétation : avec évidence, l’acteur doit avoir une respiration tenue et souple afin de garder le rythme dans sa libération d’expression. Grâce à une conscience approfondie de sa respiration, l’artiste peut exprimer ce qu’il ressent avec envergure et vitalité. La culture de la respiration donne accès à la concentration, à la présence, à l’intensité, à l’équilibre, au développement de la sensibilité. Nous verrons combien la maîtrise de l’expiration, le vidage du débit de l’air pulmonaire est une clé essentielle pour la mobilisation et le calme intérieur de l’acteur.

Nous aborderons ce terrain avec Dom Juan de Molière, œuvre dans laquelle la langue est la fois classique et moderne, moderne par sa souplesse, par l’évidence des inversions de la syntaxe et sa prose diverse : celle de Dom Juan, de Sganarelle, d’Elvire, de Pierrot, de Charlotte… Pendant notre stage, l’œuvre est utilisée comme un outil pour approfondir les questions de rythme dans la respiration. Chaque stagiaire mémorise un monologue de Dom Juan au choix, pour le 1er jour de travail :

  • Monologue de Dom Juan / Acte I, scène 2 : de « (…) Quoi ? Tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu’on renonce au monde pour lui ? » jusqu’à « Je souhaiterais qu’il y eût d’autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses. »
  • Monologue de Elvire / Acte IV, scène 6 : de «  Ne soyez point surpris, Dom Juan de me voir à cette heure et dans cet équipage » jusqu’à « Je vous en conjure par tout ce qui est le plus capable de vous toucher ».

Catherine Rétoré

Programme pédagogique (PDF)

Planning

Du lundi au mercredi

  • 10h à 13h : Pratique de la gymnastique respiratoire (groupe entier)
  • 13h à 14h : Pause déjeuner
  • 14h à 18h : Pratique en petits groupes : phonation, voix chantée, voix parlée. Lien avec le texte et l’interprétation
    Du jeudi au vendredi : ateliers de pratique de 13 h à 18 h

Les liens entre les différents ateliers sont maintenus en permanence par les intervenants Catherine Rétoré, Sava Lolov, et Thibaut Fernandez, qui développent ces pratiques depuis des années et les croisent ensemble.

Supports fournis aux stagiaires

  • Anches de cornemuses
  • Ballons de baudruche
  • Clavier

Informations complémentaires

Nous conseillons à chaque stagiaire d’apporter son tapis de sol, un exemplaire de Dom Juan, et de venir avec une tenue souple, chaude, confortable (non serrée à la taille). Pendant nos séances de gymnastique respiratoire, les fenêtres de l’ARTA sont ouvertes.

Les jours où tu sentiras ta respiration comme une source limpide, une petite divinité dispensatrice de bons offices qui anime tout ce qui vit, de la naissance à la mort, tu auras la clef qui ouvre toutes les autres portes de la technique de l'acteur. La respiration est à la base d'une bonne diction, d'une lecture intelligente, aussi bien que des mouvements tragiques ou effets comiques bien placés. Tu dois donner l'impression que tu ne t'interromps jamais pour reprendre haleine. Fais tout ce travail qui va te demander du temps, de la patience, et surtout de la régularité dans l'effort. Charles Dullin


Résultat de notre enquête de satisfaction auprès des participants