Corps et Mouvement dans le théâtre de Koltès

Du 5 au 30 mars 2012

Avec Nabih Amaraoui et Alexandre del Perugia

Bernard-Marie Koltès Bernard-Marie Koltès

Il s’agit avant tout d’ouvrir le champ des possibilités du jeu d’acteur. En effet, le travail proposé doit permettre aux comédiens d’acquérir une certaine « physicalité », pour aborder concrètement la scène en pleine possession de ses moyens, en se sentant tout à fait libre, « animal », « instinctif », « joueur »…
Il s’agit d’intégrer la dimension corporelle dans la création et de s’appuyer sur celle-ci pour explorer un rôle, l’interpréter, le jouer, et ainsi appréhender autrement le théâtre. C’est ainsi que les jeux d’intéractions non seulement avec l’autre, mais aussi avec l’espace seront privilégiés. Ils permettront d’aborder et de répondre aux exigences d’une œuvre dramatique contemporaine : celle de Bernard-Marie Koltès, dont l’écriture spécifique intègre pleinement l’espace dans la dynamique dramatique en le rendant partenaire à part entière de l’action. Cette prise en compte du corps et du mouvement dans le théâtre ne va pas sans une prise de conscience de la notion d’Espace / Temps. Un corps en mouvement dans l’espace est un instrument puissant qui permet de jouer, de composer avec ce qui environne, en prenant en compte la durée, les variations de tempo, de rythme, afin d’explorer et de découvrir des sensations aiguës de jeu, encore insoupçonnées, susceptibles d’ouvrir des pistes d’interprétation chez le comédien, et aussi de nouvelles pistes de lectures chez le spectateur.

Le Jeu des corps à corps

Notre objectif sera de créer simultanément, à l’instar d’une partition musicale à deux voix, une ligne textuelle basée sur un texte, et une ligne corporelle. Cela afin d’être en mesure d’interpréter, en toute rigueur, verbalement et physiquement l’œuvre théâtrale. Ce faisant nous engagerons ce processus créatif autour des pièces de Koltès, notamment Quai Ouest et Dans la solitude des champs de coton. Ce choix revêt deux intérêts :

Le premier réside dans le fait qu’il s’agit d’une pièce connue et donc qu’il existe déjà consciemment des interprétations, des mises en scènes établies, en d’autres termes des références qui serviront le travail.

Le second intérêt de ce choix se situe dans le fait qu’à partir du travail physique effectué, nous revisiterons l’œuvre en intégrant une interprétation par le corps, le mouvement dans l’espace. Ainsi les comédiens, en effectuant cette double interprétation, auront accès à un niveau supplémentaire de jeu. Cela nous permettra par la suite de nous livrer à un exercice de comparaison entre les références de jeu existantes et cette approche physique de l’œuvre, en mesurant combien celle-ci et le sens de l’espace sont trop souvent négligés.

En outre, il sera intéressant de discuter et d’analyser les altérations que créera la « physicalité » sur la manière de jouer le texte et réciproquement.